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Critique de MaggyM


"Vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c'est accepter l'inévitable tristesse de tout cela [détresse de certains de ne pas se reconnaitre dans un nouveau monde tout en ne pouvant pas revenir à l'ancien monde qui a de toute façon disparu, tels certains indiens d'Amérique par exemple] , sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l'idéalisation d'un passé fantasmé, qui est une autre forme de bêtise"; ainsi se clôture la postface de Jean-Pierre Minaudier qui a également traduit le roman de Andrus Kivirähk. Et finalement, il a tellement bien résumé ce que j'ai retiré de cette lecture, que ce n'est pas la peine de vouloir inventer autre chose.

Je pense que ce récit, à la croisée du conte, du roman initiatique, du fantastique et de la fable, offre plusieurs niveaux de lecture.
Au premier degré, l'on découvre la vie de Leemet, dernier homme à maîtriser la langue des serpents qui permettait aux humains de communiquer avec les animaux. Ses aventures, sa quête de la Salamandre, sa famille, ses amis, ses combats... Déjà sous cet angle, ce roman est très agréable à lire, à la manière d'un roman d'aventure. Etonnant par l'univers qu'il dépeint, situé dans une époque moyen-âgeuse, soutenu par un vocabulaire relativement anachronique, parsemé d'humour, le récit nous entraine à la frontière entre une forêt ancestrale et un village qui s'ouvre sur la modernité de l'époque.

En second degré, c'est bien entendu toute l'allégorie liée à l'évolution de la société, à l'opposition de la modernité et des traditions, à ceux qui veulent à tout prix continuer "comme avant" et ceux qui sont déjà dans le monde d'après. Sans manichéisme puisque l'auteur ne commet pas l'erreur d'encenser l'un ou l'autre; chacun ayant ses avantages et ses inconvénients, le pire étant, dans chaque cas, toute forme d'extrémisme et de fermeture d'esprit. Bien entendu, chacun fera le parallélisme qu'il souhaite avec l'époque surréaliste dans laquelle nous vivons depuis plusieurs mois.

La postface nous éclaire sur un troisième niveau de lecture, celui du pamphlet, accessible d'emblée aux personnes connaissant l'histoire de l'Estonie (ce qui n'est pas du tout mon cas) et qu'on peut appréhender à postériori en prenant connaissance justement de cette postface.

J'ai l'impression qu'en y réfléchissant, ou en relisant le roman dans quelques temps, le lecteur pourra sans doute dénicher d'autres points de vue donnant encore un peu plus de sens à cette lecture tout à fait atypique. Je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter par la découverte.
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