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Critique de juliette2a


Qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman unique, cet ovni littéraire, ce conte qui me marquera bien après avoir tourné toutes les pages…

De la culture estonienne en général et de ce roman en particulier, je ne connaissais pas grand-chose…mais dès la première phrase, j'ai été embarquée dans cette histoire qui ne laisse pas indemne, aux côtés de son héros, Leemet, le dernier homme qui savait la langue des serpents et qui a vu le monde de ses ancêtres s'écrouler pour laisser place à une société dite moderne, où religion, obscurantisme, travail et guerre font loi.

Leemet est un Homme, au même titre que sa maman, sa soeur Salme et ses amis Paërte et Hiie. Il vit en forêt, au plus près de la nature et des animaux qui y habitent et avec lesquels il entretient d'étroites relations, grâce à la langue des serpents, don transmis de génération en génération, mais que Leemet est le dernier à recevoir. En effet, sous l'influence du Pape et par le biais des évangélistes, le christianisme est arrivé en Estonie ; les seigneurs ont construit des châteaux et règnent sur les villageois ; la forêt a été abandonnée, les us et coutumes et anciennes croyances ont été méprisés, la langue des serpents a été oubliée…

Ce roman m'a profondément bouleversée, par la puissance de son intrigue, qui n'épargne pas son héros (ni son lecteur), au travers de scènes particulièrement difficiles, où injustice, séparation, traumatisme, violence, brutalité sont au rendez-vous ; par la beauté de sa narration ; par la claque sensorielle qu'il procure (j'ai été aussi stupéfaite d'assister à l'hibernation douce, chaleureuse et réconfortante de serpents qu'à la puanteur émanant d'un cadavre ; à la description d'une morsure de serpent ou le départ d'un foyer d'incendie) ; malgré ces évènements bien peu reluisants, j'ai été hypnotisée, envoûtée par ce récit universel qui est avant tout une ode à la nature et une dénonciation de la condition humaine tout simplement, l'Homme étant incapable de réfléchir par lui-même, n'acceptant pas le changement à l'instar du vieux Sage fou Ülgas, mais n'apprenant pas non plus les leçons du passé, au même titre que l'ignorant Johannes…

Pour conclure, L'Homme qui savait la langue des serpents est l'un de ces romans difficiles à oublier, laissant une empreinte dans l'esprit et le coeur de son lecteur, un conte philosophique que je garderai en tête et dans lequel je replongerai de temps en temps, ne serait-ce que pour ne jamais oublier celui qui fût le dernier homme à savoir la langue des serpents !

A lire !
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