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Critique de Kergelen


Roman foisonnant, fantastique, picaresque, pamphlétaire, drôle et d'une infinie tristesse. Un style qui trompe par sa simplicité, des anachronismes qui font sursauter au début de la lecture, mais dont on s'aperçoit qu'ils sont posés là à dessein. Une construction logique, un ton qui passe progressivement mais inexorablement de la légèreté au tragique au fur et à mesure de la disparition du monde du « peuple de la forêt », soit attiré par le Monde Nouveau, ses merveilles technologiques et ses nouvelles modes, soit décimé par les catastrophes engendrées par l'oubli des significations réelles des traditions.

Relire le début du premier chapitre après avoir tourné la dernière page, et c'est la boucle qui est bouclée. le fond du propos tient en une phrase : « C'est la sottise qui est humiliante, pas la sagesse. ». Et la sottise se déploie dans ces pages sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de la fascination pour les nouveautés technologiques, de l'admiration idiote pour des colonisateurs hautains et méprisants, de la joie à se courber sous le joug de travaux inutiles, des traditions dévoyées et outrées jusqu'au non-sens et au dégoût.

Andrus Kiviräkh est impitoyable pour ceux qui font preuve de sottise, signée par l'incapacité à se comprendre, à se parler, la préférence pour les préjugés et l'irrationnel, la peur de l'autre. Pour autant, il ne fait pas l'apologie non plus d'un retour en arrière vers un passé idéalisé, pas plus qu'il n'épargne ses propres personnages, eux-mêmes victimes d'une forme d'aveuglement, d'une fureur vaine, ou d'un découragement et d'un enfermement dans la solitude. La tristesse du roman, c'est que les mondes passent, ce qui est éternel est endormi sous terre, il n'y a pas de solution ni de remède à la finitude.
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