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Critique de KaoriKaonashi


L'homme qui savait la langue des serpents est un roman hors du commun, au ton faussement léger, aussi drôle qu'émouvant ; à l'intrigue tantôt épique, tantôt tragique ; et aux messages engagés.

Enfant, Leemet apprend, grâce à son oncle, la langue des serpents : langage qui permet de converser avec les animaux de la forêt (sauf ceux trop idiots pour la connaitre - tels que les hérissons), et leur donner des ordres (ce qui facilite grandement la chasse aux élans). Il vit heureux avec sa mère, sa soeur Salme, les autres enfants Pärtel et Hiie, et son meilleur ami le serpent Ints.
Hélas il constate, impuissant, le départ massif des habitants de la forêt vers le village, et grandit dans l'angoisse d'être "le dernier" : le dernier homme de la forêt, le dernier à parler la langue des serpents, le dernier à connaitre l'existence de la Salamandre.

L'homme qui savait la langue des serpents est le récit d'un déclin et d'un renouveau, d'une fin et d'un commencement, le tout étant plein de nuances. Ni le passé dans la forêt, ni l'avenir dans le village ne sont idéalisés.
D'un coté, parmi les derniers survivants de la forêt, les plus véhéments adorateurs des génies, qui, comme des animaux blessés et acculés, se montrent prêts à toutes les atrocités au nom de leur leitmotiv "sauver la forêt".
De l'autre, les villageois qui s'en vont - manier les faucilles, manger du pain, et se convertir au christianisme - critiquant sans merci les rustres qui décident de rester vivre parmi les ours.
Critique du conformisme aveugle, des extrémismes religieux, des contes et anciennes croyances transformés et instrumentalisés.

Bien que le roman soit bourré de notes d'humour, et que le ton soit léger ; le chemin initiatique de Leemet a le coté tragique des dernières fois, avançant toujours plus loin - non sans dignité - dans une impasse. Un roman qui rappelle au lecteur la fugacité et la relativité des valeurs du présent, l'invitant à comprendre que demain, ce sera lui, le dernier.

Par ailleurs, la postface est très intéressante, et permet de comprendre l'étendue des messages engagés de l'auteur, concernant tant la religion que la géopolitique.

En conclusion, l'homme qui savait la langue des serpents est un roman atypique, drôle, émouvant, aux degrés de lecture multiples et source de réflexion.
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