La ronde des saisons, tome 1 : Secrets d'une nuit d'été

- J'ai passé une partie de ma jeunesse à transporter des quartiers de boeuf et de porc jusqu'à la boucherie de mon pere.
Vous porter est bien plus agreable.
- Comme c'est aimable, marmonna Annabelle, les yeux fermés. Toute femme reve de s'entendre dire qu'on la prefere à une vache morte.

- C'est la reine - la pièce la plus puissante de l'échiquier. Elle peut bouger dans toutes les directions et aller aussi loin qu'elle le veut.

Il n'y avait rien de particulièrement suggestif dans sa façon de s'exprimer, mais quand il parlait doucement, comme à cet instant, l'imperceptible enrouement de sa voix la remuait.

- Plus puissante que le roi ? s'étonna-t-elle.
- Oui. Le roi ne peut se déplacer que d'une case à la fois. Mais c'est lui le plus important.
- Pourquoi est-il plus important s'il n'est pas le plus puissant ?
- Parce qu'une fois qu'il est capturé, le jeu est fini.

Cela concerne Melle Peyton. Si tu étais raisonnable, tu abandonnerais toute velléité en ce qui la concerne. C'est la créature la plus superficielle et la plus égocentrique que je connaisse. La façade est belle, je te l'accorde...mais je pense qu'il n'y a rien de recommandable derrière.

- Après m'avoir donné les indications de base, elle m'a dit que je devais vous laisser faire ce que vous voulez, en essayant de ne pas me plaindre si je n'aimais pas quelque chose. Et, au cas où cela deviendrait trop déplaisant, elle m'a suggéré de penser à l'énorme compte en banque que vous allez m'ouvrir.
Annabelle regretta ses paroles dès qu'elles eurent franchi ses lèvres, car elle s'attendait que Simon s'offense d'une telle candeur. A tort.
- Voilà qui change, fit-il en riant. D'ordinaire, on conseille de penser à l'Angleterre. Dois-je vous séduire en vous susurrant à l'oreille des transferts de soldes et des taux d'intérêt?

- Chaque fois que je vous vois, murmura-t-il, je pense que vous ne sauriez être plus belle... Et j'ai toujours tort.

Je ne me suis jamais demandé si je les trouvais ennuyeux, murmura-t-elle. Je suppose que j'ai toujours voulu grimper au sommet de l'échelle sans même savoir si j'aimerais la vue.

Je préférerais mourir dans tes bras, Simon, plutôt que d'affronter la vie sans toi. Toutes ces années interminables... Tous ces hivers, ces étés... Cent saisons à te vouloir et à ne jamais t'avoir. Devenir vieille alors que tu resteras éternellement jeune dans mon souvenir...

Je commence à penser qu'il existe deux sortes de personnes : celles qui choisissent d'être les maîtresses de leur destin, et celles qui attendent sur une chaise pendant que les autres dansent. Je préférerais appartenir à la première catégorie plutôt qu'à la seconde.

- Embrasse-moi encore.
- Non, je vais te faire mal. J'appuie sur ta jambe.
- Ce n'est pas ma jambe, répliqua-t-il, goguenard.
- Tu n'es qu'un pervers, gloussa-t-elle.

- Je me suis trompée quand je t'ai dit que je ne savais pas où était ma place. Je le sais. Elle est auprès de toi, Simon. Rien ne compte à part être avec toi. Tu m'as sur les bras pour toujours, et jamais - JAMAIS, tu m'entends? je ne t'écouterai quand tu m'ordonneras de m'en aller. Alors, conclut-elle avec un sourire tremblant, autant te résigner et cesser de te plaindre