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Critique de nanouche


En 1988 Ruth Klüger est à Göttingen pour y donner une conférence quand elle est victime d'un grave accident de la circulation. Traumatisme crânien, perte de mémoire, paralysie, quand elle sort de l'hôpital elle commence la rédaction de cet ouvrage autobiographique qui débute avec l'Anschluss en 1938.

Le récit mêle anecdotes du passé et réflexion sur la mémoire. A propos des camps dans lesquels elle a été internée, l'autrice passe rapidement sur les atrocités : la lectrice ("qui songerait à des lecteurs masculins ? Ne lisent-ils pas que ce qui est écrit pas d'autres hommes ?") a déjà entendu parler de ça. Et Ruth Klüger n'est pas non plus du genre à s'apitoyer sur elle-même. Ce qui l'intéresse c'est la façon dont cette expérience a fait d'elle celle qu'elle est devenue et comment elle a continué à vivre. La réflexion est originale et parfois dérangeante. Ruth Klüger est opposée à la transformation des camps en musées. Pour autant il ne s'agit pas d'oublier ce qui s'est passé : pas question de faire enlever le matricule qui lui a été tatoué à Auschwitz, comme certains le lui préconisent. Elle est consciente en même temps qu'elle ne peut pas raconter certains souvenirs si elle ne veut pas susciter une pitié qu'elle refuse absolument. Il y a le refus d'être traité en victime qui s'oppose à la volonté de dire la vérité.

Le résultat est une pensée abrupte, caustique. Les médiocres, ceux qui se cachent derrière des alibis, ont peu de chances avec cette femme intelligente. Il y a aussi de beaux passages, parfois émouvants sur la perte du père et du frère, sur sa mère dont elle voit à la fois les qualités et les faiblesses, sur les amis d'une vie.

Depuis l'enfance Ruth Klüger a aimé la littérature, a lu et écrit des poèmes. Certains sont inclus dans son récit. Et évalués sans concession.

C'est donc un ouvrage riche, d'une grande qualité.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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