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Critique de cathe


cathe
19 décembre 2023
Quelle que soit notre opinion sur ce livre, on peut dire que Gaspard Koenig a réalisé l'exploit d'intéresser des milliers de lecteurs au monde des vers de terre !
Présents par millions sur notre planète, essentiels pour faire vivre le sol, constructeurs inlassables de galeries souterraines, ils mélangent l'humus et apportent les nutriments aux plantations, on peut dire que le monde ne pourrait pas se nourrir sans eux, et malgré cela ils sont irrémédiablement détruits par les pesticides et l'agriculture intensive !

C'est dans un cours sur ce sujet que se rencontrent Arthur et Kevin, étudiants à « Agro » à Saclay.
Arthur est un fils à papa parisien des beaux quartiers, alors que Kevin est un provincial, fils d'ouvrier, et très joli garçon.
Leur amitié va être fusionnelle jusqu'à la fin de leurs études et leurs choix de vie.
Arthur part cultiver la terre de son grand-père en Normandie alors que Kevin se lance dans la production de compostage à grande échelle.
Arthur, le « bobo », essaie de mettre en pratique ses cours théoriques sur l'enrichissement naturel des sols qui devrait faire revenir les vers de terre disparus.
Kevin, aidé par la riche et ambitieuse Philippine, crée une start-up qui obtient des financements internationaux et des contrats pharaoniques.
Tout les sépare et on devine que cette course effrénée va se transformer en grandeur et décadence !

Gaspard Koenig est brillant, cultivé, et il a beaucoup travaillé son sujet pour faire de ce roman une fresque satirique sur les dérives de « l'économie verte ».
Beaucoup de sujets très actuels apparaissent dans ce roman :
Les « bifurqueurs » d'Agro, mis en valeur par les médias, à chaque remise de diplôme.
Le retour à la terre des bobos, ou plutôt leur découverte du monde agricole, comme Arthur qui se heurte au bon sens des locaux, mais réussit aussi à s'intégrer dans la communauté des « rebelles » et des producteurs du terroir.
Le filon que constitue l'économie verte, tout le profit que l'on peut en tirer, et le pari des investisseurs de tirer le gros lot en faisant les choix les plus rémunérateurs.
Le green-washing des grandes entreprises qui mettent des labels « vert » partout sans véritable fondement.

Le talent de l'auteur est d'avoir réussi, sur ces thématiques foisonnantes, à écrire une fresque sociale rythmée, aux personnages sinon attachants (ils sont tous plutôt antipathiques) du moins nuancés.
C'est romanesque en diable, un peu à la manière des trilogies de Pierre Lemaître, bien construit, et on sent que cette course folle va mal se terminer.
La fin est par contre un peu décevante, l'auteur a visiblement eu du mal à choisir entre une fin apocalyptique et une ouverture plus optimiste, ce qui m'empêche de lui mettre les 5 étoiles du coup de coeur.

Une amie lectrice a aussi reproché à l'auteur de rendre vaines toutes les tentatives pour inverser la tendance et changer notre modèle ; c'est vrai que le constat est bien noir mais c'est un roman, des témoignages plus positifs sont régulièrement mis en valeur sous d'autres formes (voir l'excellent média en ligne « Reporterre, le quotidien de l'écologie »)
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