L'Affaire Beltracchi : Enquête sur l'un des plus grands scandales de faux tableaux du siècle et sur ceux qui en ont profité

Il serait naïf de croire que le monde de l’art, du moins ses hautes sphères, réagit comme un sismographe aux changements politiques ou sociaux. Quand on est en mesure de s’offrir un Rothko pour 60 millions ou un Pollock pour 80 millions de dollars, on ne se préoccupe pas trop des révolutions en Afrique du Nord, de la faillite de la Grèce ou de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
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Tout galeriste de renom, que ce soit à New York, à Londres ou à Paris, connaît au moins une dizaine de personnes à qui il peut proposer une œuvre d’art à 50 millions de dollars.

Combien de faux y a-t-il sur le marché ? René Allonge** ne veut pas trop s’avancer. Mais selon Ernst Schöller, un de ses confrères de Stuttgart, 30 % des œuvres d’art sur le marché sont des copies.

** criminologue allemand, enquêteur principal à la police criminelle de l'État de Berlin, LKA, connu internationalement pour ses actions dans la lutte contre la criminalité artistique.

Les gens à qui il a affaire, les commissaires-priseurs, les collectionneurs privés, les directeurs de musée et les galeristes, considèrent qu’ils font partie d’une élite sociale et sont habitués à ce que même les policiers se plient à leur volonté et acceptent le fait que le marché de l’art se caractérise par sa discrétion. Il peut arriver que certains commissaires-priseurs, lorsque quelque chose ne leur convient pas, jouent de leurs relations pour influer sur des dirigeants, des hommes politiques ou des rédacteurs en chef de journaux.