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Critique de CorinneCo


Ce grand monologue, soliloque, qu'importe, cette grande respiration âpre et rythmée est un appel au secours. Une bouée de mots jetée dans l'océan de solitude, d'errance et de désillusion du personnage central de ce texte.
A l'instar de Patrice Chéreau, la première fois que j'ai lu Koltes, je n'ai rien compris, aussi bien le sens, que la forme. Cela m'a découragée car je sentais dans cette écriture une richesse et une palpitation unique. Donc, j'ai respiré un grand coup et je m'y suis remise. Epouser le rythme, les mots, sans forcément vouloir absolument comprendre, juste ressentir. Se laisser envahir par le mystère de cette langue et en même temps l'éblouissante clarté du propos. Une gemme brute qui se doit d'être sertie telle quelle.
Dans cette pièce (mais aussi les autres ?) la rage présente ne peut s'allier qu'à la désespérance et à la sublimation des mots.
Ce jeune homme, anonyme parmi les anonymes, veut retenir pour un instant, une nuit, quelques heures, la silhouette accostée dans une rue. Il parle, parle… Il déverse sur cet inconnu des mots, des idées, des défaites, des espoirs. Qu'importe ce qu'il dit, entrechoqué d'émotion il ne veut pas être seul dans cette nuit pluvieuse et sordide ou les hommes se moquent, s'agressent, se frappent, s'oppressent. Ou l'amour n'a plus sa place, lui qui le réclame tant. Il s'agite, s'emporte, réclame la pitance de l'attention pour retarder la venue du vide. le néant de sa vie, dans cette ville hostile, étrangère et pourtant sienne où on veut l'asservir. Lui, l'esclave, lui l'homme démuni et bafoué. C'est une révolte amère, presque stérile, mais qu'importe. Un bras d'honneur à la vie et son miroir sans tain.
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