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Critique de Javableue


L'intrigue des Aigles Décapitées se construit sur un contexte historique très précis, qu'il faut absolument connaître et comprendre pour mesurer la teneur des événements : la ligue hanséatique, le gouvernement de la Bretagne, les hérésies et les croisades de pastoureaux... A défaut d'être évident, tout est très bien expliqué. Mais des recherches en parallèle peuvent tout de même s'avérer éclairantes. La série se destine de plus en plus destiné à un public adulte, non pas pour la hardiesse des scènes représentées qui reste finalement dans le correct, mais pour ses références pointues. Par ailleurs, Jean-Charles Kraehn a eu le bon sens de consacrer la dernière page de son album à un petit lexique des richesses linguistiques qu'on pouvait entendre à Saint-Malo au Moyen-Age.


On avait déjà pu le constater dans les autres volumes, les ambitions personnelles des personnages se heurtent et se font ici barrage, plus que jamais. Goliard l'hérétique terré dans le sable domine et utilise une bande de gosses pour rassembler un magot nécessaire à sa fuite. Sa maîtresse Nolwenn ne supporte pas qu'il la trompe avec Aria, une autre donzelle sourde et muette et souhaite se venger de lui lorsqu'elle prend conscience de ses projets malhonnêtes : c'est pourquoi elle décide de délivrer les trois prisonniers de son mentor. Elle est le symbole de la facilité à passer du statut de chasseur à celui de gibier, et inversement. Elle, l'objet, la fille manipulée, se sert de la blessure de Sigwald, pour à son tour devenir détentrice d'un pouvoir. C'est sans scrupules qu'elle use du chantage pour faire avancer Hughes dans les marais, et pour le traîner jusqu'à l'autel : "si tu ne m'obéis pas, si tu ne m'épouses pas, ton ami meurt". Il faut dire que Nolwenn est une fille de caractère, tout comme la blonde Alix qui trotte toujours dans la tête d'Hughes. L'une est riche et blonde, l'autre est pauvre et brune, et ces contrastes primaires sont aussi nets que les deux filles sont intérieurement assez similaires : toutes deux se disent "dures à cuire", mais manifestent une fragilité désarmante face au danger. Devant Hughes, toutes deux refusent de se brader bien qu'elles n'en cachent pas non plus leur envie. Enfin, elles parviennent toujours bon gré mal gré à obtenir ce qu'elles veulent. En conclusion, elles se ressemblent tellement que c'en est un peu dommage : puisqu'on ne voit que deux personnages féminins évoluer en première ligne, pourquoi en faire des clones ?
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
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