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Critique de EvlyneLeraut


Remarquable, agissant, magnétique, « Un cheval dans la tête » déploie l'animalier en royauté. « Il avait neigé dans la nuit. » Deviner la beauté en empreintes hivernales. le ciselé qui octroie la magnificence. L'entrée dans une histoire vivifiante qui ne lâche pas un seul instant le lecteur. Sylvie Krier écrit dans cette aube inspirante, dans ce repli qui élève et encense l'authentique, l'essence même du jour. Ce récit où s'entrecroisent les hommes, la nature, les chevaux est une ode au régionalisme, au rude des épreuves, aux coeurs meurtris et à la persévérance. Construite en habiles chorégraphies, l'ambiance est un paysage changeant dans le rythme des quatre saisons. Une plongée dans ce verbal qui devine l'essentiel à puiser dans un puits de renom. Il y a la teneur de Franck Bouysse, de Giono, de Bosco. Ce récit dont la glaise est ce palpitant sincère et véritable. Pas de fioritures, pas de trop-plein, seul, passe ici l'évènementiel âpre et rude, courageux et alloué aux chevaux, la plus belle métaphore. Apprivoiser ce temps de douleurs et s'autoriser l'espoir d'une docilité de vie en advenir. Nous sommes en plongée directe dans une histoire affranchie. Jack élève des chevaux. Cabossé, vivant au jour le jour, ses volontés sont des outils, sa marginalité est un étau qui se resserre insidieusement. On aime son amour incommensurable pour ses chevaux. Un anthropomorphisme rayonne. Il est l'étalon imprévisible. Les voix en chant chorale s'élèvent tour à tour dans ce récit à tiroirs où chacun des protagonistes s'expriment. La vie de Jack est compliquée, loin d'être un long fleuve tranquille. Il a ce peu qui fragilise et ce grand de vivre la glorification de son travail. Sa fille Louise est une jeune fille quasi abandonnée. Elle ne connaît de tendresse que ce vide affectif. Sa maman reporter, éloignée dans les affres des guerres dont elle fige les images aux quatre coins du monde. Ballotée, telles des bottes de paille, Louise se rebelle et va revivre chez Jack son père dans un antre où le spartiate, la pauvreté, la décadence des Cyniques sèment le trouble et la peur. « Plus de fuel. Plus de nourriture pour nous. Guère plus pour les chevaux. » L'histoire enfle, devient ce liant dont les hommes puisent force et ténacité. Tous, ici, dans ce récit sont des miroirs. Chacun ne peut rien seul. Ce sont des morceaux de vies assemblés qui forment le regain de ce grand livre. Les chevaux sont des paraboles puissantes. L'habitus est le pictural d'une ruralité mise à rude épreuve. On aime les regards, les folies salvatrices de ces êtres. Elles domptent l'imprévisible, chevaux éclatants de foi et de vigueur. le récit se gorge d'une narration brillante « J'avais souvent réfléchi à cette barrière impalpable qui maintient le respect entre l'homme et l'animal, et, par là, annihile le danger, ainsi qu'à l'infime transgression de ce respect qui donne au dressage toute sa densité. Nous avons conscience d'approcher chaque fois d'un peu plus près certaines limites ténues. » Sylvie Krier a cette capacité de relier ce qui sépare. de croire en l'animal, dans une thérapie qui se mérite. « Un cheval dans la tête » est une sacrée leçon de vie. Le flamenco d'une délivrance lumineuse. Publié par Serge Safran Editeur.
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