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Citations sur La vie à en mourir. Lettres de fusillés, 1941-1944 (8)

Très Chers Parents,
Cette lettre va vous causer une très grosse peine, car c'est malheureusement la dernière que je vais vous écrire.En effet, quand vous la recevrez, je ne serai plus de ce monde, puisque demain matin, je serai fusillé par les troupes allemandes...
Je mourrai la tête haute, car je crois avoir fait mon devoir de Français.
D'autres ont eu mon sort, d'autres l'auront malheureusement encore.Mais c'est tout de même réconfortant de penser que, sûrement, notre sacrifice n'aura pas été vain.C'est une France jeune et forte qui sortira de la lutte, et peut-être cette guerre verra enfin l'union des peuples Européens se réaliser.C'était mon rêve le plus cher.Je ne le verrai pas, mais j'espère que d'autres le verront...
Extrait de la lettre de Charles Boizard ( 22 ans, fusillé le 19 avril 1944 à Toulouse) à sa famille
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Mes chers parents,...

Vous savez que je m'attendais depuis deux mois à ce qui m'arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m'y préparer, mais comme je n'ai pas de religion, je n'ai pas sombré dans la méditation de la mort; je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour faire du terreau.
La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles.Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir...
extrait de la lettre de Jacques Decour (torturé par les Français et les Allemands, il est fusillé au mont Valérien le 30 mai 1942) à ses parents et à sa fille
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Demain matin à 4 h, je serai fusillé, si je n'ai pas la grâce. Je vais essayer d'analyser l'état d'esprit d'un homme près de la mort, près d'elle que vous redoutez tant.Tout d'abord je remarque que ceux qui pensent aux condamnés à mort comme j'y pensais ont une tout autre idée de la réalité.Ils se figurent que les dernières heures des condamnés doivent être terribles.Eh bien, non ! l'homme est né pour survivre et sa nature s'adapte à toutes les situations. On a comme une sensation de vide autour de soi. On sent qu'on n' appartient plus à la terre. La voix humaine, les bruits, la vie, quoi ! ne produisent pas sur nous les mêmes effets.L'impression nette que vous êtes coupé, que tout ce qui vous retenait à la vie a été dépassé, tous les fils de communication étant coupés, il est clair que vous ne ressentez plus rien; vous êtes sur du vide, du vide autour de vous, et les bruits vous semblent venus d'un autre monde...Il semble que la grande sagesse est dans les choses, dans les choses mortes, et je classe l'univers, en ce qui concerne la sagesse ainsi : les choses inertes, les plantes, et enfin ces êtres drôles qui remuent, gesticulent, parlent et qu'on nomme les hommes.Ils ne comprennent rien à la vie et sûrement que ces peuples de l'Inde qui cherchent l'immobilité sont près de la grande sagesse...
Extrait de la lettre de Jean Nicolini (décapité dans le"carré des fusillés" de Bastia le 30 août 1943) à ses camarades et à ses enfants
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La dernière nuit
Je suis allongé dans une cellule de pierre.
Ma tête est appuyée contre la pierre,

Mon corps est appuyé contre la pierre,
Comme de la colle.
Ma main caresse le mur qui glisse,
Le mur humide comme de la colle.
Je vais mourir dans quelques heures.
Cette dernière nuit est la plus courte
Naturellement...
Je vais mourir et je pense au futur,
J'ai cessé de me souvenir,
J'ai si peur de regretter.
Je demande pardon aux hommes de ma patrie
Morts pour ma liberté.
C'est bon.
Ô serons-nous vengés ?
Ô seront-ils punis ?
Je crois en Dieu.
Je crois !
Je suis allongé dans une cellule de pierre,
Je suis allongé dans un carré de nuit.
Toute chose est sans valeur pour moi à présent.
Je ne suis plus que nuit à présent.
Et je ferme les yeux,
Je dors,
Je rêve,
Le petit Poucet avec ses larges bottes,
Les bottes, les bottes, les bottes,
Déjà !

Alors je songe aux campagnes de France
Les soirs d'été.
Je songe aux nuages violets
Les soirs d'orage.
Je songe aux herbes mouillées
Les soirs de pluie.
Je songe
Aux chants des insectes,
Aux lumières dans les fermes,
Aux silences dans les bois,
Aux enfants dans les blés,
Et c'est un grand calme.
La porte de la cellule est ouverte.
Je suis sorti...
Parmi les bottes,
Je suis allé dans un monde meilleur.

Robert Hossein à son oncle Lova Minevski -juillet 1943-
"A mon oncle et à tous ceux qui, dans la nuit des prisons et des camps, nous ont légué l'amour de la liberté et de la vie, comme seuls héritages."
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Ma Jo bien-aimée,
Tout doit finir.On ne choisit malheureusement pas toujours la fin qui nous revient...
Sois comme moi, sans chagrin, sans douleur ! On vit pour demain, pas pour hier.Sèche tes yeux et reprends sans hésiter le rude combat pour la vie.Tu te le dois à toi-même.Tu le dois à notre chère Marie-Claude.
Tu dois vivre ! vivre intensément, boire la vie goulûment, t'en abreuver, car pour toi vivre ce sera me continuer.Ne t'épuise pas dans de vaines lamentations.Et si demain un compagnon t'est nécessaire pour t'aider dans le combat pour la vie, accepte ce compagnon.Tu ne feras pas injure à ma mémoire.Tu feras plus pour notre Marie-Claude.
extrait de la lettre de Pierre Rigaud (fusillé comme otage par les Allemands le 7 mars 1942) à son épouse
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Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde.On va être fusillés cet après-midi à 15 heures.Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas, mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps...
Je mourrai avec 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait (de) mal à personne et, si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine.Aujourd'hui, il y a du soleil.C'est en regardant au soleil et à la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis...
Extrait de la lettre de Missak Manouchian(fusillé le 21 février 1944 au mont Valérien avec 21 de ses camarades) à sa femme
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Mon petit microbe, mon fils,
Quand tu seras grand, tu liras cette lettre de ton papa.Il l'a écrite 3 heures avant de tombé sous les balles du peloton d'exécution.Je t'aime tellement, mon petit garçon, tellement, tellement.Je te laisse seul avec ta petite maman chérie.Aime-la par dessus-tout.
Rends-la heureuse, si heureuse.Remplace ton papa-car auprès d'elle.Elle est si bonne ta maman, et ton papa l'aime tellement.Console-la, mon petit garçon chéri, soutiens-la.Tu es tout maintenant pour elle.Donne-lui toute la joie.Sois bon et courageux.
Je tomberai courageusement, mon petit Microbe chéri, pour ton bonheur (et celui) de tous les enfants et de toutes les mamans.Garde-moi un tout petit coin dans ton coeur...
Extrait de la lettre de Joseph Epstein ( fusillé au mont Valérien avec 28 autres résistants le 11 avril 1944) à sa femme et à son fils
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Chère petite Mathilde chérie,
J e t'écris une première et dernière lettre qui n'est pas très gaie : je t'annonce ma condamnation à mort et mon exécution pour cet après-midi, à quinze heures, avec plusieurs de mes camarades.Je te demande d'avoir beaucoup de courage; je vais mourir en pensant à toi jusqu'à la dernière minutes comme j'ai toujours pensé.
Je meurs courageusement et en patriote pour mon pays, j'ai fait mon devoir de soldat, je te demande d'oublier ce cauchemar et te souhaite d'être heureuse, car tu le mérites; choisis un homme bon , honnête et qui saura te rendre heureuse.Conserve ma mémoire le temps que tu voudras, mais il faut te dire une chose, personne ne vit avec les morts.
J'avais fait pour toi et moi de beaux projets, mais le sort en a décidé autrement.Je te jure que je n'ai jamais eu un moment de défaillance.Je meurs en soldat de la Libération et en Français patriote...
Je termine en t'embrassant de tout mon coeur et ton souvenir m'accompagne jusqu'au bout.
Ton petit ami qui te quitte pour toujours.
VIVE LA FRANCE
Extrait de la lettre de Roger Rouxel (19 ans, fusillé avec 21 camarades au mont Valérien le 21 février 1944) à sa fiancée
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