Il est très malin Tite Kubo, et assez doué aussi, mais je vais devoir vous expliquer le truc ! ^^
En 1995, l’âge d'or du Weekly Shonen Jump s’achève avec la fin de "Dragon Ball" et le magazine perd 33% de ses lecteurs d'un coup. Les éditeurs cherchent des successeurs pour redresser la barre, mais Yoshihiro Togashi arrête prématurément "Yu Yu Hakusho", et Nobuhiro Watsuki arrête prématurément "Kenshin le vagabond"…
La nature ayant horreur du vide, les premiers à dégainer pour prendre leurs places sont les assistants de ce dernier : Eiichirō Oda fait des pirates racailles avec des katanas, et Hiroyuki Takei fait des shamans racailles avec des katanas. Puis Masashi Kishimoto enfonce le clou avec ses ninjas racailles avec des katanas. Arrive alors Tite Kubo, qui tout naturellement fait des chasseurs de yokai racailles avec des katanas, puis des shinigamis avec des katanas ! (avant Hiro Mashima et ses magicien racailles avec des katanas ^^)
Il suit le cahier des charges des best-sellers du genre en empruntant initialement beaucoup à "Yu Yu Hakusho" et un peu à "Ushio to Tora"…
Donc on une phase fantôme, réduite à sa portion congrue parce que les tranches de vie ce n’est pas son truc à Tite Kubo (les passages drama familial et/ou school life sont d’ailleurs les passages les moins intéressants de la série, pour ne pas dire les moins réussis)
Donc on a une phase démon, qui ne mène nulle part car ses pokémons horrifique n’ont ni passé ni personnalité
Normalement on aurait dû se diriger vers une phase tournoi, mais non seulement Yoshihiro Togashi remet le couvert dans "Hunter X Hunter", mais en plus le plagieur professionnel Nobuyuki Anzai est à fond dans le truc dans "Flame of Recca"… Donc il saute directement au dernier arc de "Yu Yu Hakusho" et ses luttes de pouvoirs infernales… Arc d’autant plus facilement exploitable qu’il a été expédié par son auteur !
Et c’est là qu’il est malin, car il vire de bord en piochant dans les shonens nekketsu de la belle époque (du Club Dorothée pour nous autres français) : "Saint Seiya", "Shurato", "Les Samouraï de l’éternel" et tutti quantti !
Il s’inspire largement de l’imaginaire collectif de son pays marqué par la thématique de la guerre civile : celle des clans Minamoto et Taira qui va accoucher du Japon médiéval, celle du Sengoku Jidai qui va accoucher du Japon moderne, celle de la lutte entre le Shogun et le Mikado qui va accouche du Japon contemporain… Car le coup d’Etat contre lequel les héros loyalistes vont devoir lutter, ou le régime autoritaire contre lequel les héros rebelles vont devoir lutter sont les deux mamelles des tragédies mangas !
Ici on retrouve tout naturellement une grande autorité sans visage à la politique de plus en plus controversée, des capitaines (les chevaliers d’or), des vice-capitaines (les chevaliers d’argent) et des lieutenants (les chevaliers de bronze), et cinq rebelles aidés par deux parias surpuissants…
Ichiro reprend le rôle jadis dévolu à Seiya
Uryû reprend le rôle jadis dévolu à Shiryu
Inoue reprend le rôle jadis dévolu à Shun
Chad reprend le rôle jadis dévolu à Ichi
… et Kisuke Urahara et Yoruichi Shihôin reprennent les rôles jadis dévolus à Dokhô et Mû !
Sauf qu’on ne peut pas diverger autant et rester cohérent : l’auteur se contredit fortement tant dans l’univers que dans l’intrigue (genre la Soul Society qui se dit méritocratique alors qu’il y a encore une aristocratie dominante, genre dans le tome 2, Ichiro dit ne pas connaître Chad alors que dans le tome 12 on nous explique que ce sont des pros de la baston copains comme cochons…). On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’on aurait pu commencer directement la série au tome 9 avec un background mieux pensé et mieux ficelé !
Ce tome 13 est presque entièrement dédié au duel au sommet entre le plus fort des capitaines du Gotei 13 et le plus fort des « maléfices errants » ! On reconnaîtra les trucs et astuces de la gestion des rapports de puissance qui permettent suspens et retournements de situations (du genre « OMG, je ne ressens plus sa cosmoénergie ! »), et évidemment on a droit aux grands classiques du bushido et à moult droits de quotas de flashbacks… Mais quand c’est bien fait qu’est-ce que c’est bon !!! ^^ Dessins et découpage pètent la grande classe, du coup c’est dommage que le mangaka s’attarde si peu sur les décors alors qu’il parvient à donner du relief voire du vertige en quelques coups de crayons (ah les impératifs éditoriaux hebdomadaires des magazines shonens).
Dans le dernier chapitre, c’est grâce au sacrifice héroïque d’Ichiro que ses compagnons parviennent à destination… pour que Ganju s’aperçoive que ses nouveaux amis sont venus délivrer celle qui a tué son grand frère… Mais pas le tant de cogiter, puisqu’un nouveau Chevalier d’Or s’avance : Byakuya Kuchiki ! (sinon on sent qu’il y a anguille sous roche, quelque chose de pourri au royaume des shinigamis, mais je ne va spoiler pour vous laisser la surprise de la découverte ! blink)
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