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Critique de LoupAlunettes


Un roman illustré de Torben Kuhlmann assez différent des autres de prime abord, ceux relatant habituellement les grands progrès et grands pas scientifiques parcourus par l'homme pour conquérir, découvrir des mondes inaccessibles (l'Espace, l'Aéropostal, le monde sous-marin, l'invention de l'horlogerie et la notion de Temps ...) vus à hauteur de petites souris.

Ce titre discrètement flirtera avec l'anticipation, avec même la dystopie sans en donner l'air.
Au travers de l'aventure du déménagement de la jeune Nina, l'auteur traitera du conformisme des personnalités originales dans une société (nous n'aurions pas attendu Torben Kuhlmann sur ce terrain). Nina tombera des nues, elle et son nouvel ami Alan ne seront pas autorisés à porter de la couleur à l'école, à dessiner des dessins avec une débauche de couleur. Ils devront coller au paysage gris béton dont la ville aura exclu un peu le bonheur (et les Arts, chassant les couleurs sur les murs, les vêtements, la musique également...).

Au début nous nous demanderons simplement si cela ne serait pas de l'ordre du ressenti, de la métaphore, si avec le déménagement non conssentie, Nina ne verrait pas la vie en gris plutôt qu'en rose.
Mais l'idée d'interdiction va doucement s'imposer, avec ces contrôleurs qui viendront " conseiller" à Nina de ne plus se faire autant remarquer.
Nina et Alan finiront en retenue à l'école pour être venus vêtus de couleurs trop voyantes ( Cela pourra un peu faire sourire les lecteurs, ils désobéiront en ne faisant rien finalement, mais ce rien coloré aura le mérite d'exister et il sera de trop).
Nous pourrons continuer de nous poser des questions, puisque ces couleurs ne véhiculeront selon nous aucune idée subversive, le caractère iconoclaste aucun symbole). Où sera le problème?
Alan s'amusera de cette dimension rebelle, qui n'en sera pas une pour Nina ni pour nous.

Où voudra en venir l'auteur? La ville a t-elle perdu une forme d'espoir symbolisé par le gris? 
Nous regardons et pourtant tout paraîtra très ordinaire, hormis les contrôleurs, les gens n'agiront pas différemment hormis peut-êtee qu'ils se montreront à l'image exempt de couleurs et d'individualité.
Le banal sera habillé de gris de pieds en cape, du sol au sommet des immeubles.
Ce gris est-il l'image de la routine qui uniformiserait tout si l'on y ajoutait pas des éclats d'arts ci et là?
L'auteur se montrera encore plus subtile et Nina le découvrira, la couleur n'aura pas disparu, elles se confondront les unes aux autres pour aboutir au gris qui ne dérangera pas.
Le cafouillis sera gris et le gris sera la nouvelle couleur.

Petit à petit, l'air de rien, l'aventure abordera le phénomène scientifique de la "Lumière" et des couleurs (un peu).
Le pied d'un arc-en-ciel conduira Nina, non, pas à l'endroit d'un chaudron de pièces d'or, mais pile à l'endroit où se trouve la bibliothèque de la ville. Ça sera grâce à ses livres que Nina découvrira l'entourloupe de l'usine à gris et de l'emprise discrète du pouvoir en place sur les masses.
Avec le sujet de la lumière, se confondront l'étroitesse d'esprit, l'obscurantisme, mais inversement aussi l'éveil, le plaisir, l'épanouissement culturel, tout ce dont Torben Kuhlman parlera de façon plus détourné sur les autres thèmes et titres autour des découvertes.
Comme Nina, nous serons invités à rester curieux, insatiable de découvertes, uniques mais aussi unis.
Le monde est un kaléidoscope finalement, non?
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