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Critique de mfgaultier


Comme le titre l'indique, Les raisons de mon crime est un roman noir mais sans coupable et sans cadavre, mis à part les bouteilles qui traînent ici ou là. C'est plutôt un roman inclassable, du style dérangeant et surprenant.

Marianne, qui vient de perdre son emploi, retrouve Martine, une cousine perdue de vue depuis l'adolescence. Elle envisage alors d'écrire sur cette personne qu'elle idolâtrait gamine, qui s'est noyée dans les vapeurs de l'alcool. Transformer ses confidences en chapitres de roman. Peu à peu, la narratrice perd pied, ou plutôt, elle se sent tomber dans un gouffre, un peu comme sa cousine tout au long de sa vie : « Mais Martine ne m'a rien demandé. C'est moi qui viens lui sucer le sang, la faire parler, la faire pleurer, la sommer de m'expliquer pourquoi, bon sang ! Elle est devenue ce qu'elle est devenue. »

9782070135059_1_75Durant la lecture, j'ai ressenti des impressions de malaise face à des descriptions plutôt dures. Je me suis fait la réflexion que la littérature omettait souvent ce genre de descriptions ou de personnages (ou alors, c'est moi qui ne choisis que des romans où la pauvreté n'existe pas…). Ici, pas de fioritures, pas d'enjolivures, certains mots sont très violents à moins que ce ne soit certaines situations ? Nathalie Kuperman ne s'interdit rien et varie les rythmes de narration. Elle alterne des récits d'enfance avec des passages réalistes et prosaïques, en lien avec mes propres préoccupations. Certains passages sont truculents, notamment la seconde partie, intitulée « Biquette », le surnom de sa tante, la mère de Martine, une « sacrée » bonne femme, comme de nombreuses personnes la qualifièrent à son enterrement. La première partie est moins réussie je trouve, la romancière tourne autour de son sujet mais n'ose l'affronter directement.

Ce qui m'a semblé intéressant, c'est de lire les états d'âmes de Marianne, ses souvenirs ou encore la façon dont elle s'accapare les bribes de vie que Martine lui raconte pour les retranscrire sous forme de passages fictionnels. Et parfois, derrière l'horreur, la misère, lorsqu'il semble que l'espoir s'est carapaté depuis longtemps, des sentiments fleurissent. Forts. L'amour qui semble loin, tellement loin est bien présent. L'amour qu'éprouve Martine pour sa mère non aimante, et qui la fait péter un câble lorsqu'elle meurt. L'amour de Marianne pour sa mère. L'amour, aux ressorts coupables. Un livre dérangeant, je me répète, mais surprenant.

Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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