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Critique de gerardmuller


Nous étions des êtres vivants / Nathalie Kupermann
C'est sous la forme originale d'un journal de bord assez froid dans lequel s'expriment les différents acteurs de cette histoire très actuelle que Nathalie Kupermann nous met dans l'ambiance d'une restructuration d'entreprise de presse spécialisée pour enfants après son rachat alors que la crise socio économique déferle sur le pays. Dans un style très maîtrisé, sobre, mesuré et concis, l'auteur nous fait découvrir ce monde cruel et sans pitié de l'entreprise. La presse papier connaît un recul indéniable, inéluctable et inexorable. Elle doit s'adapter et là nous observons le décalage qui prévaut la plupart du temps entre le point de vue de l'employé qui grosso modo se satisfait de son sort quand tout va bien alors que les nécessités présentes et futures réclament une évolution pour être en phase avec les réalités économiques modernes, et la direction à la botte du repreneur qui nourri d'ambition et de résultats à tout prix use de tous les moyens plus ou moins avouables pour parvenir à ses fins. le décalage est constant entre ceux qui détiennent les plus hauts postes et ceux qui dans l'incertitude ne rêvent plus, rongés par l'angoisse du lendemain, et se contentent d‘une médiocrité relative mais stable, sans illusion et chargée de doute. Tous ces thèmes sont très actuels.
Trois protagonistes se font face : la direction, le repreneur et les ouvriers. Un compte-rendu circonstancié de leurs pensées respectives, de leurs projets et de leurs actions participe ainsi à la construction de ce récit, heure par heure, jour après jour, au présent de l'indicatif. Cette forme originale fait songer à un requiem au cours duquel se succèdent les arias des personnages clef et le choeur de l'entreprise dans son ensemble.
le personnage de Cathéter, (jeu de mot ?), le captieux repreneur, qui doit amener en principe un sang nouveau à l'entreprise est d'un cynisme révoltant et distillant la peur il se livre à des déclarations qui ne sont pas vraiment du genre à rasséréner les employés : « Les ordres doivent être vécus comme des invitations à se fondre dans l'intérêt commun de la nouvelle entreprise. » Et plus loin : « Les plaintes des ouvriers doivent être considérées comme des humeurs déplacées. » Et les ouvriers de dire : « Cathéter, sa force, c'est qu'il s'endort sans penser à nous. » Sans illusions les employés ! Par ailleurs le poids des inimitiés, des disconvenances et des allergies guide la conduite de chacun et personne ne se fait de cadeau : il faut sauver sa peau. À tout prix. Absolument.
Malgré l'intérêt évident du thème choisi par l'auteur en cette période de crise mondiale, je pense que finalement la forme n'est pas tout à fait à la hauteur du fond comme l'a dit un lecteur. Honnêtement, j'ai ressenti peu de plaisir à lire ce récit qui ne m'a à aucun moment captivé. Je l'ai lu comme un reportage d'hebdomadaire bien senti et bien rédigé. J'ai même connu des moments d'ennui ne parvenant pas à bien cerner des personnages un peu falots qui ne séduisent pas le lecteur et qui manquent de charisme. Et puis il y a des longueurs malgré la brièveté d'un récit qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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