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Critique de levri


Dans une Cité rappelant la Renaissance italienne et régie par un conseil de nobles, afin d'éviter les affrontements sanglants entre familles la solution trouvée est de régler ses griefs à travers des bretteurs émérites dont les actions sont régies par un code. Richard Saint-Vière, un jeune bretteur exceptionnel est le plus recherché, le choix idéal lorsqu'on veut régler un problème de manière définitive. Ce livre nous fait partager la vie de Richard et d'Alec, son amant qui devront parvenir à naviguer parmi les intrigues et perfidies de la noblesse.


Il faut d'abord préciser que ce roman n'est classé en Fantasy que de par la Cité, jamais nommée et la place prise par les bretteurs, de plus s'il y a bien de nombreuses capes et épées, ne vous attendez pas à une action effrénée, à des chevauchées ou de multiples duels, certains duels ont bien droit à une description, mais à une exception près elles sont très courtes, ce qui est logique, Richard est vraiment très doué et ses duels sont rapidement réglés. Il nous reste les intrigues politiques, trahisons, complots, machinations et vengeances et les rapports amoureux, le tout assez bien équilibré.


Les rapports amoureux entre hommes sont plutôt bien gérés, ils ne sont pas invasifs et conformes à l'époque suggérés, n'oublions pas que le mot "homosexualité" a attendu la fin du XIXème siècle pour apparaître et que la "sodomie", qui définissait tout ce qui n'était pas rapports destinés à la reproduction, n'a été combattu sérieusement par l'église qu'à partir du XIIème siècle, ce qui n'empêcha pas de nombreux papes, prélats, rois et autres de consommer leurs passions au su de tout le monde, certains milieux n'en faisaient pas mystère, il suffit de lire la correspondance de l'épouse de Monsieur, frère de Louis XIV pour s'en convaincre. L'autrice nous campe donc une société où es rapports entre personnes de même sexe sont communs et n'ont rien de remarquables, cette situation étant d'ailleurs favorisée du fait qu'à aucun moment il n'est question de religion ni d'église …


Le décor se met en place, rien que de commun, un quartier de riches, "la Colline", un autre pour les travailleurs à la vie routinière et les "Bords-d'Eau", des bas quartiers mal famés, peuplés des rebuts de société et "associaux" en tous genres. Une fois le cadre défini l'intrigue peut se développer, ceci avec une certaine lenteur, l'autrice va user de nombreuses allusions, il faudra parfois attendre un moment avant de relier les faits et motivations et mettre les pièces en ordre, un style qui laisse une certaine liberté à notre imagination, mais qui ne convient peut-être pas à tous.


À son rythme, dans une écriture élégante et fluide, bien adaptée à l'époque évoquée, Ellen Kushner nous délivre ce roman en faisant une place importante à la politique, aux vengeances et aux rapports amoureux, le tout bien équilibré, et l'usage des bretteurs comme moyen de résoudre tous les problèmes, aussi futiles soient-ils, ouvre sur des réflexions de différents ordres. Un livre de qualité surtout dans sa version "Augmentée" …



NB :J'ai lu ce livre dans son "édition augmentée" parue en 2019 chez ActuSF. Cette édition est augmentée en ordre chronologique de plusieurs nouvelles et de courtes lettres, le tout bienvenu et répondant à certaines questions que laissaient de côté le roman.


PS : Il est regrettable que ce roman reste le seul traduit en français, alors qu'il existe une suite de deux romans dans le même univers parus en anglais.
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