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Critique de Laurence64


C'est l'histoire d'un mec…
Mono-maniaque. Mais alors vraiment mono-maniaque.

Il est vaguement dans le commerce. Vaguement car sa passion du métier équivaut à ma passion pour les collections de pots de yaourts (en langage Trivial Poursuit, le dit collectionneur se dit glacophile).
Ne me remerciez pas, il est difficile de placer ce terme en société pour briller.
Allez donc vous vanter d'être glacophile à moins qu'une crise de masochisme aiguë ne vous pousse à collecter les regards atterrés et les moues méprisantes. Ou que vous ayiez programmé votre suicide social.

Bref, foin de mon parfait désintérêt pour la diversité du pot de yaourt nature ou aromatisé, notre représentant de commerce voyage à travers le Japon. Ce qui semble contredire mon propos précédent. S'il voyage, c'est qu'il est pour le moins consciencieux, voire passionné professionnellement (sa vie affective est une jachère).
Et ben non!

Le monsieur se fiche comme d'une guigne de ses affaires. Une fois expédiées, le monsieur n'est mû que par un organe unique que je soupçonne hypertrophié: son estomac.
Evidemment, il possède deux jambes qu'il actionne pour se déplacer mais la précision n'est qu'anecdotique. le moteur de son existence se situe dans le brassage alimentaire.

A peine arrivé quelque part (Kyoto, Tokyo, Okinawa, etc), il ne cherche pas le client mais le restaurant. Il veut se sustenter.
Le sushi est le moteur de son existence, la nouille frite son monument culturel. le champignon, son univers agricole. Pour lui, les sept merveilles du monde sont le nomiya, le sushi-bar, la brasserie, le boui-boui, la baraque à friture, le wok monumental, le panier à vapeur visitable 24H sur 24.
Toutes ses pensées (je dis bien toutes) tournent autour de son estomac incapable de ne pas fuir dans ses talons. le gourmet solitaire ne répond qu'à une unique injonction: "j'ai faim". Sa question existentielle: "Que vais-je manger?"

Hermétique aux fringales insatiables de ce super héros au super tube digestif, chapitre après chapitre, j'ai observé la progression vertigineuse du mur de tofu (soyeux ou pas), qui s'élevait entre nous.
Une fiole d'Hépatum à portée de main, je le regardais aller de ville en ville, dans sa quête obsessionnelle de nourritures diverses.

Parfois, une lueur se faisait. L'homme cessait de lorgner le wasabi pour considérer ses contemporains. Une étincelle allumait mon intérêt. Las, un bol de soupe le noyait illico.
De nouveau, un plateau s'étalait sous mes yeux, les prix m'étaient annoncés comme si, soudainement, j'allais embrasser l'addiction stomacale japonaise et me précipiter en direction du soleil levant dans l'unique objectif de liquider la production agricole et maritime de l'île en un bref séjour.

C'est donc l'histoire d'un asiatique qui mange pendant dix-huit chapitres et d'une lectrice occidentale qui a souffert d'indigestion aiguë au neuvième chapitre. Les algues, peut-être, n'étaient pas fraiches.

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