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Critique de Fuyating


Ce roman est un très beau coup de coeur pour moi. Il m'a profondément émue, les personnages sont touchants, et il était passionnant au niveau historique.

J'ai aimé suivre le quotidien de Fumi à la recherche de sa soeur et Arya, deux jeunes collégiennes bien différentes, l'une un peu autoritaire et l'autre extrêmement réservée, mais aussi Matt, ce jeune Gi d'origine japonaise, un des traducteurs des lettres que reçoit le général McArthur. J'ai apprécié sa vision des choses, sa pondérance et ses questions sur la vie et la situation. le dernier personnage que nous avons accompagné est Kondo sensei, le professeur Kondo, qui traduit également des lettres à ses heures perdues, des missives que reçoivent les jeunes filles japonaises de leur petit-ami américain.

L'auteure s'applique à nous décrire une époque, celle de l'occupation du Japon par les forces armées américaines au lendemain de la seconde guerre mondiale : la famine et la pauvreté, les enfants livrés à eux-mêmes, la difficulté à trouver un emploi et gagner un peu d'argent, mais aussi la complexité des sentiments des Japonais vis à vis des Etats Unis. Certains essaient de ne voir que le côté pratique et non ce qu'il y a de dégrandant à être occupé : les barres de chocolat et les chewing-gums, les boîtes de conserves, les oeufs durs. Apparaît alors un phénomènes : les pan-pans, aussi appelées les papillons : des jeunes femmes japonaises vont être employées dans des dancings pour divertir les GI et certaines vont devenir des petites-amies ou des maîtresses si le soldat est déjà marié. Elles sont méprisés par la population mais réussissent néanmoins à aider leur famille, à trouver de la nourriture et des médicaments pour essayer d'adoucir la vie de leurs proches. Cela engendre également des drames : bébés métisses non désirés abandonnés voire retrouvés décédés.
J'ai été marquée par les réflexions de Matt qui s'interrogeait sur les sentiments de la population vis à vis des Etats-Unis qui finalement sont leur ennemi pendant la guerre et dont ils n'hésitent pas à attendre pendant des heures pour voir passer leur représentant le général McArthur. Mais comme il fit, il faut bien continuer à vivre.

L'auteure met également en lumière le traitement subi par les Japonais installés en Amérique durant le conflit : personne ne leur faisait confiance, et ce même s'ils étaient de la deuxième génération d'émigrés et n'avaient jamais mis les pieds au Japon, le fait d'être vus comme les ennemis alors qu'ils étaient pour beaucoup Canadiens, le parquement de ces populations dans des camps aux conditions particulièrement difficiles (froid, faim, solitude etc), et surtout l'obligation de choisir entre être renvoyé au Japon, qui rappelons-le est un pays que certains n'ont jamais vu, ou être exilés dans les terres canadiennes inamicales beaucoup plus à l'ouest. Quoiqu'il arrive, ils perdaient tout ce qu'ils avaient mis des années à construire.

Je me suis beaucoup attachée à chaque personnage et ai aimé passer du temps avec chacun d'entre eux. Je sais que certains avis sont mitigés vis à vis de ce roman, mais de mon côté c'est un réel coup de coeur. Il décrit la vie telle qu'elle était, avec ses difficultés et ses petites joies, c'est un roman descriptif des petites gens avec une valeur historique précieuse.
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