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Typhaine Ducellier (Traducteur)
EAN : 9782264083432
456 pages
10-18 (04/04/2024)
3.65/5   63 notes
Résumé :
Après avoir passé la Seconde Guerre mondiale dans un camp d'internement, Aya Shimamura, jeune fille de 13 ans, et son père ont deux choix possibles : partir à l'est des Rocky Mountains ou être déportés au Japon. Ils choisissent de déménager au pays du Soleil levant, mais une fois à Tokyo, ville complètement dévastée par la guerre, le père d'Aya peine à trouver du travail, et Aya elle-même, née et élevée à Vancouver, est harcelée à l'école car étrangère.
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert il y a quelques années, l'existence des camps d'internement des Japonais aux États-Unis pendant la Deuxième Guerre Mondiale. J'ignorais que le Canada s'était aligné sur le décret présidentiel 9066.

Après la guerre, les personnes d'origine japonaise n'avaient plus le droit d'habiter à l'ouest des Rocheuses. On leur offrait l'opportunité de « rentrer » au Japon. Ce qui est un non-sens quand on est né sur le sol américain/canadien et qu'on ne parle pas un mot de japonais.

Ce premier roman de Lynne Kutsukake, raconte le quotidien d'un éventail de personnages au début de l'occupation américaine du Japon sous le commandement du général MacArthur (1945-1952) .

Tokyo. Fumi a 12 ans, elle est au collège et suit les cours du professeur Kondo. Son quotidien est bouleversé quand il lui confie Aya une rapatriée. Aya habitait au Canada avec ses parents. Après les camps, son père a choisi l'exil. La mère d'Aya y est décédée.

Fumi recherche sa soeur, Sumiko. Aussi, quand MacArthur invite la population à lui écrire, elle pense que c'est sa meilleure chance de la retrouver. Sumiko est dans une situation difficile. Elle est tombée sous le joug du propriétaire d'un bar dans lequel elle doit danser avec les soldats américains pour rembourser une dette contractée pour aider sa famille.

En dehors des heures de cours, Kondo traduit des lettres d'amour pour se faire un peu d'argent. Réformé à cause de sa vue, il n'a pas participé au conflit. Cela ne rend pas sa vie plus facile.

Matt Matsumoto lui, est un GI sino-américain qui travaille pour les forces d'occupation. Il traduit les lettres écrites en japonais adressées à MacArthur. Certaines personnes ont du mal à concevoir que l'on puisse être Américain et avoir l'air japonais en même temps. Il a été dans les camps avec sa famille et s'engager était pour lui la meilleure façon de prouver sa loyauté envers son pays, les Etats-Unis.

Il y a aussi Nancy, une de ses collègues, qui rendait visite à des parents peu avant le début de la guerre et qui a perdu sa citoyenneté américaine.

A plusieurs reprises, j'ai été profondément choquée par certains détails comme la désinfection au DDT des enfants. le sort des vaincus est une réalité mais l'occidentalisation forcée est quelque chose qui me dérange.

Un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé, il se lit facilement. J'ai eu la chance de le lire en compagnie de Srafina. C'est toujours un plaisir.




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Ce premier roman de Lynne Kutsukake, elle même descendante de nippo-américains ayant vécu la seconde guerre mondiale est paru en avril 2023. Il nous retrace le retour au pays d'Aya et de son père après la guerre. La petite fille de 12 ans a été élevée au Canada et n'a pas tous les codes pour s'intégrer à la communauté. Elle est l'étrangère qui vient du pays des occupants. Les enfants sont durs entre eux. Fumi, fillette du même âge avec qui elle est en classe va peu à peu s'attacher à elle. Elles deviennent amies et vont se mettre à la recherche de la grande soeur de Fumi qui a disparu.
Les autres personnages Kondo leur professeur, le caporal Yoshitaka « Matt », Nancy, Sumiko sont tous très attachants. Leurs destins sont imbriqués dans cette époque fort difficile d'après-guerre.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure, sa fluidité, sa douceur, tout en nous décrivant les conditions terribles dans lesquelles vivaient la population japonaise. L'époque était difficile sur tous les continents. Les vaincus subissaient l'occupation et la défaite. Tout un pays était à reconstruire et l'occupation était là. La misère, le manque de médicaments, les pénuries et la prostitution faisaient des ravages. C'est aussi le contraste entre deux cultures totalement différentes. Les codes des uns ne sont pas ceux des autres. Et souvent l'incompréhension et la rancoeur sont au rendez-vous.

Excellente lecture en compagnie de Fifrildi, nous voulions un petit roman historique, voici chose faite. Merci à toi.
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Ce roman est un très beau coup de coeur pour moi. Il m'a profondément émue, les personnages sont touchants, et il était passionnant au niveau historique.

J'ai aimé suivre le quotidien de Fumi à la recherche de sa soeur et Arya, deux jeunes collégiennes bien différentes, l'une un peu autoritaire et l'autre extrêmement réservée, mais aussi Matt, ce jeune Gi d'origine japonaise, un des traducteurs des lettres que reçoit le général McArthur. J'ai apprécié sa vision des choses, sa pondérance et ses questions sur la vie et la situation. le dernier personnage que nous avons accompagné est Kondo sensei, le professeur Kondo, qui traduit également des lettres à ses heures perdues, des missives que reçoivent les jeunes filles japonaises de leur petit-ami américain.

L'auteure s'applique à nous décrire une époque, celle de l'occupation du Japon par les forces armées américaines au lendemain de la seconde guerre mondiale : la famine et la pauvreté, les enfants livrés à eux-mêmes, la difficulté à trouver un emploi et gagner un peu d'argent, mais aussi la complexité des sentiments des Japonais vis à vis des Etats Unis. Certains essaient de ne voir que le côté pratique et non ce qu'il y a de dégrandant à être occupé : les barres de chocolat et les chewing-gums, les boîtes de conserves, les oeufs durs. Apparaît alors un phénomènes : les pan-pans, aussi appelées les papillons : des jeunes femmes japonaises vont être employées dans des dancings pour divertir les GI et certaines vont devenir des petites-amies ou des maîtresses si le soldat est déjà marié. Elles sont méprisés par la population mais réussissent néanmoins à aider leur famille, à trouver de la nourriture et des médicaments pour essayer d'adoucir la vie de leurs proches. Cela engendre également des drames : bébés métisses non désirés abandonnés voire retrouvés décédés.
J'ai été marquée par les réflexions de Matt qui s'interrogeait sur les sentiments de la population vis à vis des Etats-Unis qui finalement sont leur ennemi pendant la guerre et dont ils n'hésitent pas à attendre pendant des heures pour voir passer leur représentant le général McArthur. Mais comme il fit, il faut bien continuer à vivre.

L'auteure met également en lumière le traitement subi par les Japonais installés en Amérique durant le conflit : personne ne leur faisait confiance, et ce même s'ils étaient de la deuxième génération d'émigrés et n'avaient jamais mis les pieds au Japon, le fait d'être vus comme les ennemis alors qu'ils étaient pour beaucoup Canadiens, le parquement de ces populations dans des camps aux conditions particulièrement difficiles (froid, faim, solitude etc), et surtout l'obligation de choisir entre être renvoyé au Japon, qui rappelons-le est un pays que certains n'ont jamais vu, ou être exilés dans les terres canadiennes inamicales beaucoup plus à l'ouest. Quoiqu'il arrive, ils perdaient tout ce qu'ils avaient mis des années à construire.

Je me suis beaucoup attachée à chaque personnage et ai aimé passer du temps avec chacun d'entre eux. Je sais que certains avis sont mitigés vis à vis de ce roman, mais de mon côté c'est un réel coup de coeur. Il décrit la vie telle qu'elle était, avec ses difficultés et ses petites joies, c'est un roman descriptif des petites gens avec une valeur historique précieuse.
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Le résumé m'avait tout de suite happée. en effet, il y a quelques temps, j'avais lu un roman graphique sur les camps aux Etats-Unis dans lesquels les japonais étaient enfermés pendant la Seconde Guerre mondiale suit à l'attaque de Pearl Harbor ( "Les indésirables" de Kiku Hughes). J'avais découvert ceux-ci avec cet ouvrage et cela m'avait profondément choquée.
Cette histoire est donc une suite à cela puisque que l'on va suivre -entre autres- Aya et son père, qui habitaient au Canada et à qui on a laissé le choix : rester mais dans une zone particulièrement hostile et éloignée ou retourner au Japon. Or, du Japon, Aya ne connait rien, elle a peut-être l'apparence du japonaise mais elle est née et a vécu ses 13 premières années au Canada, c'est son pays. C'est donc dans un pays très différent du sien, occupé par les Etats-Unis qu'elle va devoir trouver sa place.
Les débuts sont difficiles, trop japonaise pour les américains et trop canadienne pour les japonais... Elle s'isole et se referme sur elle-même jusqu'à ce que Fumi, une jeune fille de sa classe fasse un 1er pas vers elle dans l'espoir que celle-ci puisse l'aider à retrouver sa soeur disparue.

C'est un roman au rythme très lent, je le précise car je sais que cela a dérangé certaines lectrices mais ce ne fut pas le cas pour moi. J'ai aimé justement que l'auteure prenne le temps de nous décrire ce Japon sous occupation. Pour moi, plus que l'histoire en elle-même c'est le contexte et l'ambiance qui régnait à cette époque qui est extrêmement intéressant. L'histoire en elle-même n'a rien de très original mais elle nous entraine dans les différentes strates de la société de l'époque. C'est assez triste de voir la misère de ce peuple, ces anciens combattants mutilés, ces femmes poussées à "se vendre" aux G.I. avec le secret espoir de repartir avec eux vivre une meilleure vie...

Un roman qui dévoile un pan de l'histoire Japonaise qui n'est pas forcément très connu. Une lecture très intéressante que je ne saurais que vous recommander.
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Le lecteur plonge dans le Japon d'après-guerre.

Tokyo 1947. le Japon est occupé par les forces américaines dirigées par le général MacArthur. Pour beaucoup, cette époque est synonyme de grandes privations et de changements idéologiques. La lutte pour la survie reste un combat quotidien pour de nombreux habitants de Tokyo.

Aya Shimamura est canadienne, elle a passé la plupart des années de guerre emprisonnée dans son pays natal pour la seule raison ses origines japonaises. de retour au Japon avec son père, elle devient la voisine de bureau de Fumi Tanaka au collège. Les deux filles vont nouer des liens d'amitié.

Aya permet au lecteur de cerner la vie des canadiens d'origine japonaise, contraint, après la guerre, d'accepter le rapatriement au Japon. Une forme d'expulsion aux conséquences désastreuses : Aya est considérée comme une paria au collège, elle ne parle que très peu le japonais, ce qui l'isole encore plus.

Afin d'aider sa famille à résister aux privations d'après-guerre, Sumiko, la grande soeur de Fumi, part travailler parmi les GI américains. Son travail n'a rien de louable, la jeune femme frôle la prostitution. Cela fait plusieurs mois qu'elle n'est pas revenue voir sa famille, et Fumi se met en tête qu'elle a disparu. Elle souhaite solliciter l'aide du Général Douglas MacArthur, la rumeur disant qu'il lit personnellement les milliers de lettres qu'il reçoit de citoyens japonais. Certaines lettres offrent de la gratitude et des éloges. D'autres sont remplies de colère et de plaintes. La plupart demandent quelque chose d'impossible. Fumi est convaincue qu'une lettre pourrait faire des miracles et demande l'aide d'Aya pour rédiger la missive.

C'est là qu'entre en scène Matt Matsumoto, un Américain d'origine japonaise qui fait partie d'un groupe de militaires américains chargés de traduire les lettres japonaises en anglais.

« Il était convaincu que mieux valait savoir qu'être dans l'ignorance, que la vérité, si laide ou douloureuse fut-elle, était un soulagement. »

Tous ces personnages sont liés d'une manière ou d'une autre.

Même après la disparition des balles et des bombes, le Tokyo d'après-guerre, pris entre l'occupation par l'ennemi et le besoin désespéré de reconstruction, reste un champ de bataille où s'affrontent des cultures et des moeurs divisées. Tout cela prend vie sous la plume de Lynne, sobre et élégante, qui s'avère être une grande conteuse. Elle arrive à la perfection à capter les nuances de la culture japonaise. Elle raconte une histoire peu connue, envoûtante et magnifique, tire sur la corde sensible du lecteur. Elle explore les complexités du coeur humain et le besoin universel d'appartenance. J'ai dévoré ce livre sans même m'en rendre compte, pas le temps de dire « ouf » et la fin s'amorçait déjà. Pourtant, c'est un petit pavé de presque 500 pages.

J'ai apprécié me plonger dans cette période historique assez méconnue pour moi. Certaines choses m'ont choquées, d'autres m'ont émues, l'auteure a très bien réussi à nous plonger dans ce Japon en pleine reconstruction. La position des japonais, des américains, les privations, la pauvreté, la faim. Et ces jeunes femmes n'ayant d'autre choix que de danser pour les GI, devenant bien souvent leurs maîtresses, activité oh combien honteuse, mais pourtant essentielle pour ramener de l'argent à la maison. L'occasion de m'instruire tout en passant un très bon moment de lecture.

Un petit bémol sur le titre, qui induit le lecteur en erreur : le coeur du roman n'est pas du tout le volet traduction des lettres. Il est assez secondaire. L'essence du roman est ces tranches de vie et ces personnages tourmentés. Et une petite critique sur le rythme, avec quelques longueurs, mais ce n'est que mon ressenti personnel. C'est une lecture plutôt calme, loin des page turner que j'ai l'habitude de lire ! Ceci explique très certainement cela.

« le traducteur des lettres d'amour » est un témoignage émouvant sur la résilience de l'humanité, l'amitié, la famille et un pays en transition, que je vous conseille chaudement.

« Mais en commençant à travailler, il avait compris que les mots n'étaient pas seulement des lettres ou des symboles sur la page. Chacun renfermait une émotion. Il y avait les émotions qu'éprouvaient l'écrivain et le lecteur, mais aussi les siennes, celles du traducteur pris entre les deux, qui liait des secrets entre amants ou d'obscurs aveux. «

#Letraducteurdeslettresdamour #LynneKutsukake
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mais en commençant à travailler, il avait compris que les mots n’étaient pas seulement des lettres ou des symboles sur la page. Chacun renfermait une émotion. Il y avait les émotions qu’éprouvaient l’écrivain et le lecteur, mais aussi les siennes, celles du traducteur pris entre les deux, qui liait des secrets entre amants ou d’obscurs aveux.
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Il était convaincu que mieux valait savoir qu’être dans l’ignorance, que la vérité, si laide ou douloureuse fut-elle, était un soulagement.
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Au lieu de les rapprocher, sa mort les avaient éloignés davantage encore, comme si l'absence de sa mère était un épais rempart qui s'interposait entre eux deux. Elle avait découvert que l'absence n'était ni le vide, ni le néant. C'était, au contraire, une omniprésence incessante.
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On le payait vingt-cinq cents de l'heure car c'était le Canada, après tout, un pays où l'on ne prônait pas l'esclavage. Alors il était payé, même si c'étaient des clopinettes. Mais ensuite, on déduisait de sa paie ce qu'il devait pour ses repas et son lit dans le camp. Et parce qu'il avait une femme et un enfant, une retenue supplémentaire était appliquée pour amortir le coût de leur internemenet dans un camp fantôme dans des montagnes de l'intérieur des terres dont personne n'avait jamais entendu parler. Une fois toutes les déductions effectuées, il ne restait presque rien.
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Il était convaincu que mieux valait savoir qu’être dans l’ignorance, que la vérité, si laide ou douloureuse fut-elle, était un soulagement. Ne pas savoir laissait un trou béant, un espace que l’on cherchait sans cesse à combler.
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