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Critique de christinebeausson


Souvenir de la capitale finlandaise,
Au hasard d' une promenade dans un quartier plutôt populaire d'Helsinki, nous avons croisé Mister Lièvre, je vous assure en pleine ville, au milieu du trafic automobile.
Il a traversé la rue, délaissant un parterre d'immeuble herbeux dont il avait peut être fait le tour, il est parti vers un autre un peu plus loin, plus prometteur ?
Alors de retour en Bretagne, l'idée d'un lapin partant faire un tour en Laponie, pourquoi pas !
(La bestiole croisée à Helsinki ressemblait plus à un lièvre qu'un lapin, la longueur de ses oreilles, ses pattes arrière surdéveloppées et sa course pas vraiment très élégante ne laissaient aucune place aux doutes.)
D'autre part le titre finnois "kerjäläinen ja jänis" que me Google traduit par "le mendiant et le lièvre" confirme mon diagnostic.
Nous parlons bien de la même bestiole.
Lecture et .... Découverte surprenante sur ces saletés de rongeurs, ils "mettaient la ville en danger en grignotant les racines des pommiers des quartiers résidentiels et en se jetant sous les voitures, ce qui multipliait inutilement les rendez vous chez l'assureur. On les payait cinq euros par lapin, le zoo en nourrissait ses tigres."
Je croyais avoir rencontrer le lapin d'Alice aux pays des merveilles, finalement ce n'était que de la future nourriture destinée aux fauves du zoo !

Souvenir des traversées en ferry d'Helsinki ou de Tallin avec Viking Line,
Avec ses cabines où "un rideau masquait l'absence de hublot",
Avec ses coursives où résonnaient " cliquettements de bouteilles à la boutique hors-taxe, bruits électriques et tintement des cascades de pièces des machines à sous, chuintements, sifflement, cris et braillement des enfants.""
Que du vécu !
Trêve de palabres, revenons donc à notre sujet.

Le préambule nous rappelle que nous sommes un peuple avec "des poêles en Téflon, des décodeurs enregistreurs, des moments réservés au repas, à l'école, au sexe, des projets d'avenir, des crédits immobiliers, des rendez-vous chez l'orthodontiste pour leurs enfants, un âge de la retraite, une concession funéraire, des épitaphes, des fleurs sur leur tombe et tout le tremblement." .
Merci pour cette précision, au cas où on passe à autre chose et qu'on l'oublie !

Le texte enchaîne
Les allusions rigolotes pour un rêve plus ou moins éveillé : "des bûcherons, des flotteurs de bois, des constructeurs de pont, un autocar plein de candidats au suicide", petit clin d'oeil à l'ami Arto.
L'explication sur le décorticage du marché du travail en Finlande, trois types :
"Les pâtes moles prêtent à tout pour se couler dans le moule sans avoir la moindre idée de la manière pour y parvenir,
Les crânes d'oeuf, qui supportaient des dizaines d'années de boisson, d'indemnité de chomage, d'allocations de solidarité et de revenu minimum mais pas de carrière prometteuse car trop fatigante et trop dévalorisante,
Les humanistes qui n'acceptaient que les emplois de leur domaine même si celle ci était l'évolution des quenouilles de l'île de Judinsali et ses conséquences pour les propriétaires de manoirs métrosexuels de la fin du XXVIIIE siècle."

Un livre déconcertant tout comme la Finlande.
Pas évident d'avoir un attachement à ces lieux, à ces gens, froids, "simples" comme on disait, rustiques, rustres diraient d'autres et pourtant il y a beaucoup de choses qui se cachent derrière cette façade.
Un lapin les fait craquer,
Un enfant est le centre du monde, l'individu le plus important, son bonheur, sa joie,
Le pourquoi il faut se lever chaque jour pour que sa vie soit encore meilleure ...
Le livre est à l'image de ce monde, l'humour est toujours présent tout comme le sens de l'épopée bucolique et l'art de croquer la loufoquerie.
Il faut abandonner un peu de sa logique, de son matérialisme pour rentrer dans cette comédie.
Comédie oui certainement mais avec des idées qui permettent de faire avancer le monde, imposer la tolérance et rejeter le populisme.
Je retournerai à Helsinki car je ne suis pas allée rendre visite à Liisi Tunder, cette vieille dame dont "l'esprit vagabonde sur les routes de l'enfance dans une voiture conduite par le chauffeur Alzheimer". Pour rien au monde je ne souhaite ajourner cette visite pour lui caresser la tête.
Aller en Finlande, lire la littérature finlandaise est indispensable car il n'y a peut être qu'un finlandais pour écrire cela : "aucun coup n'est pardonnable, pas même ceux qui n'ont jamais été donnés mais que j'ai vu dans tes yeux."
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