AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GuillaumeTM


Le discours de la servitude volontaire est un texte court mais brillant, rédigé par un jeune homme d'environs dix-huit ans. Encore aujourd'hui il a gardé toute sa saveur subversive.
Il décrypte les mécanismes qui amènent une population à se laisser dominer par un seul homme, en appuyant sa thèse par des exemples historiques bien loin de la réalité française de son époque afin d'éviter quelques soucis.


Il affirme que c'est le peuple qui accepte de lui-même de se soumettre à un tyran, pourtant sans son consentement le tyran ne serait rien.

Il dénombre trois sortes de tyrans :

1° cas : le tyran choisi par le peuple.
Le peuple étant né sous la dictature du tyran, cela lui paraît évident puisqu'il en a toujours été ainsi depuis sa naissance. Ça lui semblera normal de vivre de cette façon avec si peu de liberté. « On ne regrette jamais ce que l'on n'a jamais eu » comme le dit la Boétie. le tyran peut aussi prétendre que son pouvoir d'accéder au trône provient de droit divin, ce qui lui confère une aura quasi sacrée. le peuple crédule alors n'osera pas le contredire. C'est pour ces deux raisons que la monarchie absolue a durée aussi longtemps en France.


2° cas : le tyran utilisant la force des armes.
Le peuple a une fâcheuse tendance à oublier assez vite la liberté qu'il avait avant le tyran, et avec elle s'en va la vaillance et le courage. Il se laisse ainsi aller aux nouvelles coutumes.
Pour encore mieux endormir et abêtir la masse, le tyran est capable de construire des bordels, des tavernes, des théâtres et toutes sortes de loisirs dans lesquels le peuple pourra oublier pour un moment sa condition. Une forme d'opium du peuple en quelque sorte.

Le tyran est souvent soutenu par quelques personnes attirés par la lumière, quatre ou cinq personnes maximum, qui sont voués aux basses besognes. Ces sbires, entre eux, se craignent car il ne peut y avoir d'amitié dans la cruauté et dans les interstices du pouvoir. Ceux-ci feront tout pour plaire à leur tyran bien qu'ils en aient aussi très peur car il a droit de vie ou de mort sur eux. Mais ces quatre ou cinq personnes ont sous leurs ordres au moins six cents hommes qui contrôlent les différentes régions du territoire, et ces six cents possèdent six milles soldats. Tous ces gens-là sont uniquement appâtés par l'argent et un semblant de pouvoir. C'est un fil d'Ariane qu'on ne cesse de dérouler sans jamais parvenir à en voir le bout.

Bien sûr, le tyran, entouré d'un tas de courtisans prend bien garde de les tenir les uns par les autres pour éviter tout complot.


3° cas : le tyran par succession de famille.
Celui-ci rejoint les deux cas précédents dans la perpétuation filiale de la tyrannie.


C'est un texte fondateur et précurseur de la résistance passive, un texte que l'on peut ranger à côté de la « Désobéissance civile » de Thoreau.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}