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Critique de stephanerenard


Dans son célèbre discours sur la servitude volontaire, La Boétie, qui n'a alors que 18 ans, s'interroge sur les raisons qui amènent les hommes à se soumettre à un tyran, et ensuite à rester volontairement à son service.
Le désir de liberté des hommes est effectivement engourdi, par les plaisirs que la société lui offre, par les facilités qu'elle lui procure, et par la religion.

C'est encore d'actualité, plus que jamais. Au vingtième siècle, les idéologies ont remplacé largement la religion pour ce qui est de maintenir les hommes en servitude (communisme, capitalisme). Au vingt-et-unième siècle, les idéologies perdent de leur influence et sont remplacées par des formes plus subtiles de manipulation sans doute. La prolifération des phénomènes de burn-out, d'épuisement professionnel montre bien que des individus ont su s'anéantir, volontairement semble-t-il, pour se livrer corps et âme à leur travail. On leur a proposé une mission qui dépassait largement leurs seules possibilités en leur faisant miroiter que tout reposait entre leurs mains. Et la servitude devient encore plus volontaire… La part de moi qui est adulte se méfie de ce contrat qui me laisse totalement le champ libre, la part d'enfant en moi apprécie ce sauf-conduit pour la toute puissance. Et je tombe dans le panneau.
Pour justifier une charge de travail manifestement excessive, un de mes managers m'a une fois sorti cette phrase hallucinante : « dans ton précédent service, on te fouettait comme un âne mort, mais tu vois maintenant on te cravache comme un cheval de course, c'est dire si on croit en toi ». Cela résume bien la situation actuelle.


La Boétie l'avait vu aussi, les esprits les plus libres ne se laissent pas asservir par les distractions et les plaisirs mais par cupidité et désir d'honneur. Bref par le besoin de reconnaissance, ce qui reste d'actualité. D'où la question à se poser :
Est-ce que mon besoin de reconnaissance me transforme en courtisan ? de fait, le courtisan est encore moins libre que l'homme du peuple puisqu'il doit non seulement servir le tyran, mais également le côtoyer et d'autant plus penser comme lui.
Nous avons une chance énorme, dans nos sociétés démocratiques, que le pouvoir soit très peu exercé par la répression, il ne tient donc qu'à rejeter la servitude volontaire, pour ceux qui le souhaitent, à l'accepter pour ceux qui la convoitent et à choisir le juste milieu pour ceux qui se sentent capables de marcher au bord du gouffre.


Si l'on pouvait écrire chaque jour un journal de ses libérations et de ses soumissions... Il est important que la balance penche du côté de la libération, mais la route est semée d'embuches et nécessite parfois quelques compromis pourvu qu'ils ne mènent pas à passer outre son éthique.
Et quand on ne cherche pas le pouvoir mais changer le système, la soumission au système est parfois nécessaire pour changer les choses de l'intérieur. C'est trop facile de dénoncer le système, de se situer à l'extérieur, parfois d'en profiter un peu ou même beaucoup et de s'en laver les mains en le dénonçant d'un bloc.
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