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Critique de Jiby


Cet ouvrage ma été envoyé par l'auteur avec une dédicace m'invitant au partage autour de ce roman.
J'ai pensé -pourquoi pas ?- rédiger une critique sous forme de réponse à l'auteur.


Francis La Carbona,
Vous avouez « écrire pour combler un besoin émotionnel ». Comme vous le formulez si bien « Ecrire est une solitude passagère. Mais la promesse d'un partage avec le lecteur ». Voici l'heure du partage et de vous transmettre mes impressions sur l'univers que vous proposez.

L'engagement que vous semblez avoir investi dans cette écriture, probablement celle de bons nombres d'auteurs, m'est apparu plus forte chez vous que chez d'autres. Je ne saurai trop dire pourquoi mais je me suis posé rapidement la question : « Que dit cette histoire de votre vie ? »
Une histoire d'un enfant dont la destinée semble vouée aux abandons multiples, sous différentes formes.

Si je ne cherche pas ouvertement de réponse à cette question -la vie de chacun n'appartient qu'à lui- je ne peux m'empêcher de penser, qu'un auteur, offre forcément une partie de lui à ses lecteurs.

La question a pris alors une autre forme, sans doute aidée par l'homonymie avec le héros de cette histoire, Jérôme : « Qu'est-ce que ce livre dit de moi ? »… C'est la critique que j'écris aujourd'hui qui en révèle un peu.

L'histoire est celle d'un enfant qui connaitra abandons et adoptions. Son enfance, comme toutes les enfances démarrera avec celle de ses aînés, ce qui étendra le récit d'une guerre à l'autre.
On comprend que le moine Jérôme, au crépuscule de sa vie terrestre, se remémore les entretiens qu'il a eu à son entrée au monastère, lorsqu'il s'appelait encore Félicien. Des entretiens qui évoquent une psychothérapie. Comme dans une mise en abime temporelle : un homme se remémore le souvenir de ses souvenirs…
Ce choix dans la structure de l'ouvrage m'a surpris et perturbé, il m'a paru manqué de naturel. Pour être honnête, je n'en ai pas compris l'intérêt. Par ailleurs, il a mis en exergue la lacune du récit : toute la vie de Jérôme dans ce monastère.

Votre talent d'écrivain fait une belle part aux sens (ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si l'éditeur s'appelle « 5 sens ») et j'ose le dire, car le talent ne se mesure pas à la notoriété, j'ai ressenti de la poésie dans le choix de vos mots, comme j'ai pu le ressentir chez un Proust ou un St-Exupéry. Vous savez révéler la prose du quotidien.

Mais voilà, probablement ce livre est-il arrivé dans un mauvais contexte, une période où on a tous besoin de positif, j'ai besoin de positif, et cet acharnement de la vie qui transparait dans votre roman, m'a paru pesant. J'ai besoin de lire du bonheur en mots.

Pour des raisons que j'ignore, depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours été particulièrement sensible à la notion d'abandon, aux orphelins… J'adoptais des peluches, encore et encore, dans mon orphelinat géant imaginaire. Forcément, je ne pouvais qu'être attiré par cet ouvrage qui, en plus, porte mon nom comme pour me tendre les bras !

Difficile de rester insensible à tout ce qui arrive à ce petit Félicien, et, en même temps, par les temps qui court, on se fabrique une cape imperméable à la douleur du monde. On met à distance. Un peu comme d'autres se retirent dans un monastère « parce que finalement, se tenir sur le côté de la civilisation, […] permet de mieux la tolérer. » (dixit le héros de votre roman)
Peut-être, en tant qu'écrivain, avez-vous choisi, à votre façon, de vous tenir à côté de la civilisation ?
Dans ce cas, pourquoi choisir des histoires tristes alors qu'on a besoin de lumière ? Pourquoi choisir de parler de ce qui a pu se passer ici, quand on a besoin d'ailleurs ?
La sensibilité de vos propos dénonce les outrages de la vie et des hommes, mais comment faire pour que ça change ? Ce qui se passe de part le monde, conflits en Ukraine, à Gaza… ne sont que des échos de ce passé qui est lu dans votre histoire…
Raconter encore et toujours, comment les hommes font leur malheur, sans chercher à comprendre ce qui peut être différent… Toutes ces heures d'histoire enseignées aux enfants dans les écoles, sans jamais parler de psychologie sociale, d'expérience de Milgram, d'empathie… Je suis tellement agacé par cette capacité de l'humanité à consacrer son énergie pour tourner autour des choses sans en atteindre le coeur. Dénoncer les choses sans jamais créer les conditions du changement. L'essentiel reste invisible… toujours invisible et ignoré. Hélas...

Y aura-t-il un monastère pour m'accueillir, moi ?

Bien à vous.
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