Béa et Laurence ne sont pas les seules à aimer passer du temps
chez Gigi. Des banquettes cloutées en cuirette rouge pétant,
des tables en Arborite moustaché gris et blanc, un jukebox qui
joue les succès de l’heure de l’ouverture à la fermeture, un menu
réconfortant. Ici, il y a tout ce qu’il faut pour se sentir vivant ! (p.19)
Chaque pas de danse exécuté dans les bras de cet homme est imprimé dans sa mémoire, et elle ne compte plus le nombre de fois qu’elle s’est rejoué la scène depuis. Il était beau, il avait de belles manières et il savait parler aux femmes. Seul hic, il quittait Québec le lendemain à la première heure et ignorait s’il allait revenir bientôt. La vie est faite d’arrivées et de départs, mais au grand désespoir de Béa, ce sont toujours ceux qu’elle considère comme les meilleurs qui s’en vont. Une danse, c’est tout ce à quoi elle a eu droit cette fois !
Alors que la plupart des femmes sont nées pour se marier et fonder une famille, Béa et Laurence, elles, sont nées pour s’amuser et danser jusqu’aux petites heures du matin, ou jusqu’à ce que leurs jambes n’en puissent plus de les supporter. C’est lorsqu’elles exécutent des pas de danse qu’elles ont pratiqués sans relâche qu’elles se sentent vivantes.
Il arrive régulièrement que les filles racontent des choses qui dépassent l’entendement et, à voir comment va le monde d’aujourd’hui, ça ne s’arrêtera pas de sitôt.