AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Qui a mangé Madame d'Avoine Bergotha ? (7)

Discours de Walante à son peuple :

Mes amis,
nous fûmes baisés à mort,
baisés et salopés, troussés et truandés.
Aujourd’hui, il nous revient de dire
la seule chose que le monde nous laisse dire :
« Halte la magouille »
Oui, mes amis, halte la foutaise !
Voici ce qu’on nous a dit depuis la nuit des temps,
en vers, en prose, méchamment ou gentiment.
Je cite :
« Que ceux qui sont très inférieurs aux autres
comme l’est le corps à l’esprit,
comme l’est la conscience à la raison
comme les bêtes le sont toutes aux hommes
que ceux-là donc soient par nature des esclaves,
qu’ils aient intérêt à se choisir un maître
et qu’ils passent tous les froids de l’existence sous la tutelle ! »
Voilà, Amis, la fouaillade terrible.
Nous devons aller jusqu’au bout de cette provocation,
jusqu’au bout de nos inconsciences,
en établissant sur cette île
le mal fondé de l’infériorisation bon marché.
Telle sera notre contribution
à la marche en avant du monde !
Ensemble, nous allons décider
que cette île soit indépendante,
non pas comme l’est le cheval sous les fesses du cavalier
mais à sa manière,
dans le sens de sa tradition,
suivant la profonde essence de sa coutume.
Nous ne serons pas indépendants
selon la foutue volonté de quelques fripouilles tarées
qui nous donneraient à boire
l’hymne national, la faucille et le marteau…
Repoussons avec toute la force de notre âme,
en toute connaissance et conscience,
les bizarreries simiesques d’une souveraineté éreintée
(…)
Reniflons notre avenir dans toute sa béance !
La vie n’est pas comme la vie
si nous ne lui donnons les couleurs propres de notre intérieur !
Citoyens et chers compatriotes,
baignons-nous dans les eaux de notre maigre destin,
renversons tout, citoyens, dans les boues noires d’une terre
qui nous épiait depuis l’enfance, comme un requin.
Sortons nos goinfreries et nos appétits criminels
majestueusement allumés,
dégageons la rouge brillance de nos lâchetés chéries,
armons nos museaux,
dilatons notre sperme rassasié d’une ambulante démission,
allumons sur nos crimes et sur notre grasse lâcheté,
le feu noir de la médiocrité !
Là est le moyen qui nous reste de toucher le monde
jusqu’à sa racine.
Citoyens, frères jaloux,
qui abritez dans vos cœurs
le lourd limon d’une toute grasse méchanceté,
je vous appelle à la vérité vaniteuse,
dans la nudité crue d’une rouge fatigue.
Venez, naissez à la banalité crue !
Voici ici les profondeurs macabres de notre égarement.
Je vous montre la face cachée de l’insecte humain !
Moi, Walante, baron rouge et bleu
des industries du cuivre et du caoutchouc,
miteux et gratteux, je vous montre,
tel le sang me monte aux mains,
tel le sang me monte à l’âme
Découvrez sur le sillage d’une âme pourrie
le cortège d’une main qui ne sait pas trembler.
Je vous lance mes putréfactions à la figure,
dans un geste qui brasse l’air avec amour et poésie.
Je prends mon grade dans le lot des monstres
aux sources de la cruauté.
Je me nomme baron de la morsure et du mépris.
Je me sacre ruine et écrasement.
Je creuse une fenêtre
sur les murs aveugles
de l’espérance.
L’extase saisit mon cœur.
Elle me fait l’amour
dans une coupe de sang frais.
Je prends pour métier d’abrutir mes semblables
sans distinction de race, de sexe ou de croyance.
Je jure devant la mémoire de mon enfance brisée
que je serai un génie dans cette branche !
Je suis venu au monde pour saccager.
Je ferai ce métier tout à ma joie.
Ma vie durant, je ferai bon commerce de ce qui dérange
et encouragerai, sous toute forme ce qui démange.
Nous devons prendre à pleines mains
le courage d’aller au bout de notre nature aveugle !
Que ceux qui sont venus au monde pour déconner
arrêtent de jouer les enfants terribles de la vertu !
Je leur offre ma fureur de monstre.
Et, comme disait ma mère, il faut se méfier des hommes
parce qu’ils ont la coutume toute bête
de tirer le diable par la queue.
Voici l’article unique de notre constitution :
« Les hommes sont démis de leurs fonctions en tant que peuple.
Moi, Walante, je les remplacerai, personnellement,
dans toutes leurs fonctions.
Moi, Walante, je me programme et me planifie
avenir
espoir
et volonté personnelle du peuple !
Fondateur de son existence,
animateur de ses raisons,
gérant et garant de ses consciences,
son inséminateur unique,
commandant de sa force de vie. »
Commenter  J’apprécie          20
L’existence commence là où nous savons dire non !
Commenter  J’apprécie          00
Touma : A quoi sert de se taire devant l’erreur ? Le silence lui-même braille à s’en fendre la voix. (Walante fait mine de se retirer) Peut-on, Monseigneur, avoir les jambes assez longues pour fuir la vérité ? Elle vous rattrape toujours ! Je vous le disais, vous ne vouliez pas me croire. L’existence est une sale bête, elle finit toujours par mordre.
Commenter  J’apprécie          00
(Touma arrive à la tête d’une bande de policiers et mate impitoyablement le rassemblement. Coups, cris, feux, pleurs)

Touma : Ici, commence la République.
Commenter  J’apprécie          00
La vérité est la seule bête qui vous mord sans aboyer.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis que les peuples sont devenus des personnages, ils s’intéressent aux cuisines des papes sans se salir les mains…
Commenter  J’apprécie          00
Devant la tragédie, comme le temps court vite !
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (6) Voir plus




    {* *}