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Critique de Syl


Cité ouvrière, grise, enfumée, froide, cadencée aux échos de l'usine, le décor qu'observe Alexandre de sa fenêtre est égayé par un convoi de caravanes rouges. Qui sont ces gens qui arrivent ? Se sont-ils perdus ?
Non… c'est un cirque.

Alexandre doit partir pour l'école tout en sachant qu'à treize ans, il rejoindra les tours fumantes de l'usine. Sur le chemin, il s'arrête et observe de loin le travail des hommes qui dressent les tentes des chapiteaux. Les images s'étirent jusqu'au soir où il se fait réprimander par sa mère furieuse qu'il ait fait l'école buissonnière.
Mais Alexandre repense aux couleurs, à l'animation, aux étranges personnages et à cette fille aux longs cheveux bruns…

Le lendemain à l'école, toutes les conversations parlent du cirque. Si les étrangers suscitent la crainte et les médisances des adultes, les enfants sont bien curieux des gens du voyage… C'est en les espionnant derrière une butte qu'Alexandre se fait repérer par la fille aux longs cheveux.

« - Je ne te fais pas peur ? Alors viens, puisque tu es si curieux.
Elle lui prit la main. Alexandre se laissa emmener sans dire un mot. »

Elle s'appelle Elena, elle vient du sud de l'Espagne et elle va le présenter à sa famille… la femme à barbe, les soeurs siamoises, les lilliputiens, la fille sans bras et sans jambes, la femme qui lit l'avenir, et tous les autres aussi étranges et captivants.

Sur un air de guitare, el rubio (le blondinet) est accueilli par un groupe de musiciens, de chanteurs et de danseurs.
Captivé par les sons, Alexandre est bien surpris lorsqu'on lui remet entre les mains une guitare et que de l'instrument, il arrive à reproduire quelques accords.

A partir de cette soirée, tous les jours il part s'entraîner avec le groupe dans l'idée de se produire sur scène au moins une fois.

Elena l'écoute avec beaucoup d'admiration et lui demande une chanson rien que pour elle. En échange, il recevra un baiser.

Alexandre espère, il envisage un avenir bien plus agréable que celui qu'on lui destine.
Aura-t-il le soutien de ses parents ? Elena va bientôt repartir, la reverra-t-il ?

Dans la grisaille de la cité, la mélancolie des coeurs usés, les sons des guitares sont des chemins de liberté qu'Alexandre voudrait bien parcourir…

Cet album est ma quatrième rencontre avec Benjamin Lacombe et je suis charmée. Je reste toujours aussi sensible à ses dessins, ses couleurs, l'ambiance créée, la poésie, le monde de l'étrange… sa douceur et parfois une certaine cruauté et tristesse.
Je me demande toujours si dans son cas, ce sont les dessins qui inspirent le texte ou si c'est l'inverse, tant le dessin est talentueux et magique.
Dans chacune de ses histoires, l'enfant est bien souvent solitaire et mélancolique. Il voit le monde derrière sa fenêtre et rien ne l'engage à s'y aventurer. Jusqu'au moment où un évènement le rend téméraire. Autres sujets souvent abordés, ce sont l'intolérance, le sectarisme et la servitude. Pour la petite Cerise, son poids était un handicap aux yeux des autres, pour Naoko la jeune japonaise c'était les traditions qui l'emprisonnaient, pour Alexandre se sont les règles et la société xénophobe.
Un très beau conte qui parle d'espoir avec une musique libre et fougueuse aux accents de flamenco.
Les enfants aimeront… les petits garçons pour ce jeune Alexandre impétueux et doué et les petites filles pour Elena et la belle histoire d'amour.

A recommander !

PS : Ce livre a la particularité d'avoir un CD qui raconte l'histoire. Si les musiques et les chansons sont agréables à écouter, je n'ai pas été réceptive à la voix d'Olivia Riuz.
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