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Critique de DocIdoine


Je suis très partagé vis-à-vis d'Annie Lacroix-Riz. Si j'étais un exalté (ce que je ne suis pas), j'irais jusqu'à dire que je suis "déchiré" entre deux opinions contradictoires la concernant, déchirement qui pourrait se résoudre de mauvaise foi, comme Charles de Gaulle a résolu le sien vis-à-vis de Charles Maurras, en lui appliquant mutatis mutandis le "Maurras est devenu fou à force d'avoir toujours raison".

Car d'une part, je suis rigoureusement, absolument convaincu que Lacroix-Riz a raison au départ sur la Synarchie. Tout l'indique, à commencer par les propos ambigus de Mitterrand en 1989. Et l'opposition qu'elle rencontre est bien curieuse, car si Lacroix-Riz n'était qu'une folle conspirationniste ou une imaginative bas de gamme, les torchons de la haute finance et l'Université ne s'émeuvraient pas à ce point de ce qu'elle raconte, et ne lui accorderaient tout simplement aucune attention. Lacroix-Riz, en effet, n'a qu'une audience absolument dérisoire. Aussi, puisqu'elle n'inquiète pas quantitativement, c'est bien au point de vue qualitatif qu'elle dérange!

Ceci dit, tout comme Christophe Guilluy dans un autre domaine (le concept parfaitement creux de "France périphérique"!), elle tend le bâton pour se faire rouer de coups par les "officiels". Car son simplisme, son manichéisme croissants, son fanatisme stalinien font qu'elle récupère tout ce qui peut alimenter sa thèse avec un examen qui devient de plus en plus sommaire au fil du temps.

Ainsi, d'un côté, Lacroix-Riz dévoile la mauvaise foi d'une caste d'assis universitaires et donne un salutaire coup de pied dans la fourmilière, mais d'un autre côté, elle stérilise son projet au départ fécond en tombant elle-même dans la mauvaise foi contraire...

En tout cas, si l'on est passionné d'histoire contemporaine, on ne peut pas ne pas lire ce qu'elle a écrit. Mais on ne peut s'en tenir, non plus qu'à la thèse officielle, à l'antithèse qu'elle propose. Il faut soi-même, à force de patientes vérifications personnelles et d'esprit critique, se forger une opinion synthétique qui dépasse ces deux positions également fausses... même si Lacroix-Riz se croit de bonne foi, ce qui la rend irrésistiblement (et dangereusement) sympathique.
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