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Critique de fanfanouche24


J'avais débuté pour découvrir cette auteure, un texte publié en 2014: Ma bibliothèque, lire , écrire, transmettre", pour poursuivre par son dernier texte "illettré" ... puis, par hasard, j'ai eu l'occasion
d'entendre Cécile Ladjali à une émission littéraire, où elle
parlait de son milieu familial, taiseux... et le miracle pour elle de pouvoir se construire par la lecture, les mots et l'écriture...

C'est ainsi que j'ai arrêté momentanément son dernier roman pour me plonger dans ce texte autobiographique antérieur " Shâb ou la nuit", débuté en 1999, et publié 14 années plus tard...

Un écrit émouvant, bouleversant, relatant son adoption en Suisse par des parents affectueux, de bonne volonté mais terriblement taiseux...qui lui cacheront bien longtemps, trop longtemps ses origines iraniennes....
Trop typée, Cécile, se sent à part, et se retrouve dans une
intense quête d'explications....

Des lignes foisonnantes qui soulèvent un grand nombre de thèmes prégnants: la quête et la construction de son identité, de ses racines. La douleur de se sentir différente, pas à sa place, le mal-être scolaire, le racisme, l'ambivalence quant à la maternité, le pouvoir des mots et de l'écrit pour se sauver, se trouver, et trouver enfin un sens à son chemin personnel, etc.

Un récit vibrant, dense en émotions, qui s'achève sur un
dernier paragraphe, ultime hommage à son père, avec qui
elle entretenait des rapports moins aisés qu'avec sa maman...

Retrouvailles avec la mère biologique qui aideront à pacifier un chemin douloureux et inquiet...Le reste du livre, dans sa majeure partie est l'expression d'une reconnaissance
durable envers sa maman qui était plus proche d'elle,
même si des non-dits et malentendus ont freiné parfois
leur complicité... Les relations s'amélioreront , alors
que le papa est décédé, et que le premier petit - enfant
naît: un petit-fils, Camille...

L'auteure narre parallèlement son travail d'écrivain, ses
retrouvailles avec son pays originel: l'Iran !

Comme je le décrivais précédemment, un récit foisonnant
de thématiques riches et variées. Un livre qui m'a
littéralement emportée... qui me fait reprendre la
lecture d'illettré" avec un regard neuf, différent, plus attentif...

Un récit d'une très grande qualité, merveilleux résultat de réconciliation d'une enfant avec la vie, avec son identité, ainsi qu' avec ses parents adoptifs ...tout cela grâce au pouvoir magique des mots et de l'écriture. Je termine sur cet extrait des plus explicites et probants !

"Les mots des livres que je continuais à écrire m'avaient permis de placer sous mes pieds un pont de corde . Suspendue au-dessus du vide, je vacillais mais ne tombais pas. Le rapport presque magique que j'entretenais avec les mots allait contre les principes fondamentaux de ma vie: le vide, l'absence, le silence. La recherche effrénée de la parole en classe, le besoin compulsif d'écrire pour raconter des histoires palliaient un manque qui, s'il n'avait pas été comblé, eût été mortel. Les dialogues qui n'avaient pas eu lieu à l'origine, j'allais les inventer. Les explications qui n'avaient pas été données, je me les suggérerais. Je n'étais pas venue aux mots par hasard. C'est eux qui m'avaient fait naître une seconde fois. Par eux, avec eux et en eux, je m'étais mise au monde. Le jour de ma première naissance, je m'étais retrouvée expulsée dans un univers étrange dont on ne m'avait pas donné les clefs. Toutes portes seraient restées fermées, s'il n'y avait pas eu l'écriture. (p. 288-289) "
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