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Critique de Bibliozonard


D'abord je tiens à remercier l'auteur pour le temps précieux qu'il m'a accordé en m'offrant une belle réaction à cet article. Un bonus que vous trouverez en bas de page bien sûr !



Laurent Ladouari est ingénieur. Cosplay est son premier roman. Ce livre est certainement le premier tome d'une série palpitante à venir.



Après la guerre du Pacifique – la troisième guerre mondiale - contre La Commune, sur le Continent, dans La Capitale encerclée d'un Mur la séparant de la Zone ; les yeux sont tournés vers 1T. Une société technologique productrice de microprocesseurs à l'agonie. Victime de la stratégie offensive de la concurrence, elle subit une OPA par un milliardaire mystérieux et maître omnipotent de la société Phenix. Adamas.



Les employés de 1T se trouvent confrontés à une proposition insolite : Adamas leur impose la participation à un jeu de rôle virtuel pendant 3 jours, le Cosplay. Les employés de 1T ont la possibilité de démissionner avant et pendant l'activité – à défaut d'être éliminé bien sûr.

C'est le moins que l'on puisse dire, l'auteur offre une palette de personnages aussi mystérieux que colorés. L'excentricité habille la connaissance et dénude la bassesse d'esprit. Les personnalités se dévoilent, les caractères s'affirment et se découvrent.



La volution, l'aube d'une nouvelle ère, c'est plus qu'une traditionnelle évolution, c'est un changement radical. Pour agencer et contrôler la transition interviennent une équipe de jeunes élites très intelligentes qui ont été formées pour se rapprocher du savoir absolu – des polymathes à l'université des Nonpareils, et ce, en tout domaine y compris physiquement.

L'influence de la culture asiatique apporte un côté drastique, méticuleux, exigent, posé et teinté de poésie dans l'univers de l'auteur. On retrouve les ingrédients qui produisent du mouvement comme la convoitise, la manipulation, le rêve, le désespoir, etc. le caractère dynamique entre autres de Katie Dûma (personnage principal), ou encore celui de Killicat sont attachant et le bienvenu.



Un décor post-apocalyptique qui se situe entre un Hunger Games pour l'usage d'un jeu et des déguisements et un Matrix pour la virtualité ; dans les deux cas, emprunt de la notion de changement par une révolution – l'Incendie dans le Cosplay, le besoin d'un changement pour améliorer un style de vie quasi dictatorial, mettre fin à la corruption de dirigeants peu scrupuleux. Et le meilleur moyen de dire ce qu'ils pensent librement, c'est à travers des avatars allant de Cléopâtre (personnage historique) à Athos le mousquetaire (personnage fictif).



Petit grincement dent : l'auteur reste toutefois discret sur l'époque, les raisons de la guerre, les conséquences, le pourquoi de la méfiance et du besoin de continuer à se protéger de la Commune. Pareil pour la condition humaine, dans le sens où une seule famille représente les habitants de la zone, il est réducteur de ne contenir l'essentiel du fonctionnement d'une société qu'à travers un seul microcosme – l'esprit d'entreprise. La sentimentalité avancée est parfois quelque peu classique, bancale – je pense par exemple à la relation entre Tancrède Malatesta et celle qui l'aime. Pour finir ce paragraphe plein de jérémiades, je dirai que les chansons qui tombent à point nommé pour illustrer une scène ne sont pas nécessaires.



La construction facilite l'attachement à l'aventure grâce aux grands nombres de petits chapitres aux titres énigmatiques – par exemple, un nom d'emprunt, un numéro de joueur qui annonce qui sera quoi dans le scénario du Cosplay initié par Adamas. Donc, cela presse le lecteur à poursuivre sa lecture ; en plus de la division de l'histoire en 3 parties principales. C'est un faux gros volume, car il est très bien aéré et donne une sensation de rapidité lors de la lecture. L'avantage annihilant le risque de surinformation devant tant de nuances technologiques et scientifiques c'est la distribution d'informations de manière éparse.

Est-ce que je conseillerais ce livre ? Oui, bien sûr. Il y a une grande maîtrise d'un tout complexe avec une belle mise en avant de l'intelligence collective et partagée qui pourrait être la clé de la réussite.

Oui, car l'auteur a réussi à transmettre un plaisir de nous raconter quelque chose de neuf, une passion de la connaissance avec beaucoup de minutie bien placée pour un résultat agréable à lire.



Réaction de Mr Ladouari :



Bonjour Christophe, et merci pour ce message et cette superbe critique !

Je sais que les livres doivent se justifier par eux-mêmes, mais comment résister à répondre aux questions que vous posez, à l'heure des réseaux sociaux ? Tout ce qui pose problème à la lecture est délibéré : la suite de l'histoire apportera à chacun les explications nécessaires et doit continuer à déranger, à sortir du cadre et peut-être provoquer la réflexion sur quelques points que la littérature laisse en jachère.

Par exemple les guerres nucléaires, les révolutions sociales qui sont des lieux communs de l'anticipation, parce qu'elles sont une inquiétude constante pour les démocraties. La Guerre du Pacifique et la Commune qu'elle provoque par contrecoup seront évoquées dans d'autres histoires, mais elles sont laissées ici tout au fond du tableau, pour que l'attention puisse se fixer sur des sujets plus prosaïques en apparence, qui se relient toutefois au tout : la démocratie de proximité, vécue au quotidien, là où les décisions qui nous affectent le plus se décident, une entreprise vue comme un village moderne, ce que votre critique rend bien.

Pour ce qui est de Tancrède et d'Hélène, l'histoire des Malatesta étant au coeur de la saga, c'est une façon de montrer que certains super-héros peuvent choisir d'être limpides dans leur intimité. Ce qui n'est pas le cas de tous les personnages de Nonpareil, et cela distingue encore Tancrède du reste de la troupe. Cela me semble une idée intéressante, qu'un être aussi doué n'écoute ni son cerveau, ni le qu'en-dira-t-on, pour choisir qui l'accompagne.

Enfin, pour les chansons, le choix a été un vrai casse-tête. Je voulais que ça semble décoratif voire horripilant en première instance, qu'on ait envie de les supprimer du livre (j'aurais tendance à le vouloir ainsi si je découvrais Cosplay en tant que lecteur !)... pour mieux installer l'idée que, dans un univers "pop", les chansons, comme le management et les contes pour enfants, font partie intégrante de la culture et sont des objets de connaissances dignes d'être pris pour références. Surtout quand ces chansons sont citées comme des révélateurs de l'action ou de la psychologie des personnages.

Je complète en donnant une clé que personne à ce stade ne semble avoir choisie pour lire le livre : COSPLAY prend toute ses lettres dans le mot APOCALYPSE. Les chansons, le nom des parties, les trois jours de jeu, etc... racontent, de façon ludique, la fin du monde. Comme chaque étape, chaque « volution » de la saga.
Encore une fois, merci de lire avec autant d'attention et de coeur, je suis heureux de vous compter parmi mes premiers lecteurs.
A vous aussi, très bonne continuation, et à certainement à très bientôt, à se lire mutuellement !
Laurent Ladouari
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