AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de YvPol


Paul Lafargue est né à Cuba en 1842. Revenu en France à neuf ans, il suit des études à Bordeaux. Très vite il épouse les thèses socialistes, rencontre Engels et Marx dont il épousera la fille Laura. Il sera élu plusieurs fois, fera des séjours en prison pour ses prises de position radicales et se suicidera avec Laura en 1911. Entre temps, il aura écrit et publié le droit à la paresse, un pamphlet à la fois véhément et ironique dans lequel il s'en prend au "droit au travail", à l'aliénation des ouvriers, à la surconsommation des bourgeois, aux capitalistes, à ce qu'on appelle aujourd'hui l'obsolescence programmée.
Quelle meilleure période pour lire ce pamphlet que les vacances ? Au moins à lire le titre, car le contenu est très revendicatif, bouillant voire violent.
Ce texte me ravit, moi qui n'ai jamais aimé le travail. J'ai toujours -et je continue- bossé avec une conscience professionnelle assez développée, mais que ce fut dur d'aller au bureau ou sur mon lieu de travail pendant des années. Une épreuve dont je me serais bien passé, contrairement à beaucoup de collègues, d'amis, de gens de mon entourage qui eux ne se seraient pas vus "inactifs" de peur de perdre une forme de vie sociale. Depuis que je bosse à la maison, je peux vous dire que ma vie a changé : j'ai à la fois l'impression de ne jamais travailler et celle de ne jamais quitter le travail. Paradoxal, déroutant, mais vachement bien. Bon, je ne suis pas encore rentier, mais je ne désespère pas, quand je serai grand...
Mais revenons à ce droit à paresser. Paul Lafargue s'élève contre l'abrutissement des ouvriers, il tient pour responsables de cet amour du travail qu'ils ont, les économistes, le clergé et les moralistes, les bourgeois consommateurs et les capitalistes.
La théorie de Lafargue est que s'il faut travailler pour ses besoins, point n'est utile de trop bosser, il faut travailler pour gagner de quoi vivre correctement. Pour Lafargue, le travail n'est pas une valeur, n'en déplaisent à ceux qui l'érigent en tant que tel (cf les discours politiques des uns et des autres), c'est un moyen, à condition qu'il soit dosé homéopathiquement, de se faire du bien et de faire du bien à la société. Lafargue dit que la mécanisation des industries doit servir à l'homme pour se dégager du temps et profiter de la vie et de la paresse, la véritable valeur à ses yeux. Que s'il faut consommer, il ne faut pas surconsommer. Que l'obsolescence programmée n'est pas un progrès, mais juste un moyen pour les industriels de se faire plus d'argent et pour les ouvriers de travailler toujours plus.
Un pamphlet d'une cinquantaine de pages qui donne un peu d'air aux discours ambiants, qui fait même passer les 35 heures pour une mesurette à peine sociale. Utopie ? Sans doute. Quoique. Certains de nos jours parlent de décroissance, de consommer moins, de travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler. Qui les contredira ? Pas moi !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}