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Critique de BurjBabil


C'est un roman autobio (là, l'appellation est exacte) graphique. Les quarante premières pages sont un bestiaire et un déchaînement de couleurs. L'écriture manuscrite de Dany Laférière alterne avec ses dessins, qu'il semble lui-même qualifier au détour d'une remarque de peinture naïve.
Ces rencontres animales sont le prétexte à une mise en relief de certains aspects de sa jeunesse à Port Goâve. Les dindons sont comme les tontons makoutes, le chat sacrifié évoque la présence des loges maçonniques et leurs rites.
Puis vient la période Port au Prince, l'art via l'initiateur Dewitt Peters, et l'évocation des artistes tel Castera Bazile, le balayeur qui devient peintre. Tiga Robart et l'art primordial qui fascina Malraux . . . et inspira sans doute le futur autodidacte Basquiat. C'est une visite de musée virtuelle que nous offre Laférière. le musée de l'imagier de son enfance. L'explosion de couleurs se poursuit.
La poésie n'apparaît qu'à mi-ouvrage, avec la figure de Carl Brouard. « Sa poésie si légère m'a tout de suite plu. Contrairement à ses contemporains, si pesants avec leurs rêves chimériques de changer le sort du peuple, il ne parlait que pour lui-même. Et c'est pour cela qu'il m'a été si facile de me retrouver en lui. »
Elégie
Dolorès te souviens-tu du passé;
de nos amours clandestines;
dans une rue calme de banlieue port-au-princienne.
L'air sentait le jasmin en fleurs
On faisait la noce sans remords.
L'on se fichait carrément de la critique des moeurs
et des faux-cols protocolaires.
je garderai toujours la nostalgie de ce soir
de pluie
où tu fus tellement vicieuse
Parfois, j'avais mal à la tête
et tu me forçais à avaler
-Dieu sait combien de cachets d'aspirine
tout en m'inondant
les cheveux et le visage de tafia camphré,
Brisés d'amour
on s'assoupissait,
doucement bercés par le phono
et l'on regardait la lune, girandole ambulante brillant dans un ciel "étoilé.
Les choses ont bien changé ma chère,
me voici devenu un peu ascète.

Enfin, les couleurs se mettent en cases : c'est Miami et la volonté d'écrire LE GRAND ROMAN américain. Il n'est pas seul à ce moment, il y a l'états-unien J. E (ceux qui ont suivi mes critiques savent ce que j'en pense aujourd'hui, no comment)
La vie familiale, les espoirs...
Voilà, c'est un ouvrage atypique qui trouvera une place dans une bibliothèque s'ouvrant sur les caraïbes en général et Haïti en particulier.
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