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Critique de ATOS


C'est bien de mettre des livres de cette qualité entre les mains des enfants.
Chers professeurs de français ou de lettres et chers professeurs d'histoire, chers Lettrés de nos collèges, faites lire ce livre à nos enfants.
Pas toujours faciles, les mots, les images de la guerre.
Comment raconter ça aux enfants ?
Mais nous devons leur dire.
«  Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » nous a enseigné Aimé Césaire. alors il faudra bien le leur dire .
Leur dire avec ces mots là. Avec cette vérité là, celle que Martine Laffon nous a confié avec une très belle humanité.
Il faut dire aux enfants la vérité.
Leur dire qu'un matricule n'est pas un nom qui doit être donné à un homme.
Que la force d'un peuple réside dans sa capacité de survie, et non dans le sens d'un sacrifice que certains pourraient vouloir lui vendre .
C'est son humanité, sa fraternité, sa solidarité, son amour, son amitié qui peuvent lui permettre de revivre après l'apocalypse.
Le nom de l'homme ne peut s'inscrire sur aucun contrat, aucun pacte, aucun arrangement politico financier.
Dans la lettre et dans le pinceau, dans la poésie, dans le chant d'un oiseau, dans le pas d'un cheval, dans l'oeil d''un caillou, dans la mémoire, voilà où doit battre le coeur d'un homme.
Les coeurs ne survivent pas sur les champs de bataille.
Oui il y a une fin à la guerre. Mais la fin n'est pas heureuse.
Ça ne finit pas bien une guerre. Jamais.
Ça se finit c'est tout.
Un hommage – un témoignage – une promesse.
Alors, merci à l'auteure de nous rappeler qu'ils furent 140 000 travailleurs chinois « embauchés » pour l'effort de guerre sur le territoire français, 100 000 le furent par les anglais, 40 000 par les français. Et que beaucoup, trop nombreux, ne rentrèrent jamais.
Merci à l'auteure d'avoir joint le texte de la chanson de Craonne.
Merci d'avoir fait respirer les personnages de ce livre avec le souffle de Baudelaire, de Li Po, de Wang Wei.
Merci d'avoir inscrit le mot salauds sur les uniformes de ceux qui avaient déclenché la guerre.
Merci d'avoir parlé des fusillés pour l'exemple.
Merci d'avoir parlé du désespoir de ceux qui sont rentrés chez eux de corps mais jamais avec leur esprit.
Merci d'avoir évoqué les appels faits aux femmes sur des affiches qui annoncées déjà l'esprit de Vichy.
Merci d'avoir dit les mutilés, les gueules cassées, les traumatisés, les alcooliques.
Merci d'avoir rappelé que dans les manuels scolaires de l'époque le chinois était décrit aux enfants comme « bon travailleur mais à l'esprit fourbe ».
Merci nous avoir apporté le narcisse d'or, le cheval de Jade, la pie, les cerfs volants, et la montagne dans sa robe de nuages.

Les mots sont justes dans ce livre.

« Souviens-toi de moi » est un très beau livre.

Promesse tenue, Li Jian : Anne et Camille ne t'ont pas oublié. Tous leurs enfants grâce à ce livre vont pouvoir te rencontrer.

Il y a 17 cimetières en France où des t »ravailleurs chinois » de la guerre 14-18 sont enterrés.
Dans la somme, 850 travailleurs chinois reposent au cimetière de Noyelles. Tous ces cimetières sont entretenus par les britanniques.
Au total environ 27 000 travailleurs chinois sous contrats britanniques et 1500 sous contrats français ont péri sur le territoire français durant la guerre de 1914-1918.

Une pensée également pour les 956 corps qui reposent au cimetière de Natus, à la Teste du Buch, près d'Arcachon. Victimes de leur séjour « d'hivernage »  au camp de Courneau.
69 soldats originaires du Bénin, 94 du Burkina Faso, 211 de Côte d'Ivoire, 3 du Cameroun,
4 de France, 118 de Guinée, 5 de Madagascar, 306 du Mali,11 de Mauritanie, 24 du Niger,
1 du Nigeria, 11 de Russie, 78 du Sénégal, et 21 soldats qui ne furent jamais identifiés.



«  Quelle nuit cette nuit déjà lointain souvenir
Désormais sans lien nous avancerons
Sur toutes les voies ouvertes au vent
A milieu de tant d'astres éclatés
Pour retrouver un sol où fondre et refleurir... »

François Cheng , Vraie lumière née de vraie nuit.


Opération Babelio/ Editions Flammarion Jeunesse -  « Masse critique » avril 2014.

Astrid Shriqui Garain
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