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Critique de frandj


Ce roman sort de l'ordinaire. Son titre, son héroïne, son esprit et l'écriture de son auteure sont particuliers. Le sujet me semble très intéressant. La narratrice Emylina, originaire de Roumanie, mène une existence de marginale à Paris; elle ne s'intègre pas dans la société, dont elle rejette globalement les mentalités et les moeurs. Elle évite de fréquenter les très nombreuses personnes qu'elle qualifie de « presque morts ». Elle déteste notamment les « jeunes jeunes jeunes » français, au lieu de s'identifier à eux. Elle consigne dans un carnet personnel tout ce qu'elle ne doit pas oublier. Elle garde un fort attachement à certains membres de sa famille, notamment à son jeune oncle décédé, un personnage inspiré directement par la figure (réelle) de P. Goldmann. Un jour, elle fait la rencontre d'une jeune Italienne, elle aussi marginale, qui n'est jamais nommée. le lien qui s'établit entre les deux femmes ressemble à l'amour, mais sans sexualité. Elles deviennent vite inséparables, jusqu'à ce que l'Italienne disparaisse à la suite d'un meurtre dans le restaurant où elle travaillait. A partir de là, quelque chose se brise pour Emylina. Elle est souvent interrogée par la police et, en même temps, elle parcourt Paris à la recherche d'indices pour retrouver son amie. Elle dialogue avec des "vieux" (comme le pittoresque Grichka) plutôt qu'avec des jeunes…

Le personnage de révoltée (contre la société dans son ensemble) décrit par Lola Lafon me semble très fort, et j'ai eu l'impression d'une vraie authenticité. J'ai énormément apprécié la complicité entre les deux femmes. L'auteure trouve des formules frappantes, comme: « J'avais des accès de mort pendant la journée, comme des évanouissements à mon état de vie » (p. 153), par exemple. Quant à la forme très libre donnée au livre, elle me parait aussi intéressante. Toutefois, je ne qualifierais pas ce roman de "poésie en prose", contrairement à d'autres lecteurs.

Ceci dit, à titre personnel je n'ai pas une profonde empathie avec Emylina. En soi, un caractère de rebelle n'est pas spécialement une qualité. Selon moi, il peut suggérer une immaturité qui cherche à se dissimuler: voir, par exemple, sa réaction de petite fille de 6 ans (p. 67). L'héroïne cultive une forme d'anarchisme, que je trouve un peu court. Pire: j'observe chez elle une forme de mépris à l'égard de tous ceux qui ne lui ressemblent pas, et ça ne me plait pas ! Mais ma principale réserve à l'égard de ce livre est celle-ci: si la première partie m'a semblé attractive et bien menée, la seconde moitié s'étire en longueur - sans vraiment apporter d'éléments nouveaux. Ayant déjà bien compris le personnage principal et étant devenu (trop) familier avec le style de Lola Lafon, je me suis presque ennuyé dans les dernières pages...
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