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Critique de SabiSab28


Très belle découverte que ce livre!
Dans un 1er temps séduite par la couverture (où je n'avais pas reconnu Nadia Comaneci au 1er coup d'oeil), je le fus d'autant plus par le style d'écriture de Lola Lafon.

L'histoire, nous fait remonter aux années Ceaucescu; période pas toute rose pour les roumains (régime communiste totalitaire du blog de l'Ouest où les moindres faits et gestes sont épiés, scrutés - soit on se plie aux règles soit ..., le choix était-il possible? oui comme toujours mais à quel prix?).
Et soudain, lors des JO de Montréal, surgit une jeune fille de 14 ans, minois de fillette mais corps d'athlète qui voltige, qui retombe toujours sur ses pieds sans une once d'hésitation, de tremblement et qui réalise l'impensable (puisque même les techniciens n'avaient pas envisager cet exploit pour l'affichage du tableau) : un 10, puis suivront une ribambelle de 10 et de médailles.

Lola Lafon revient sur cet exploit, sur la personnalité, le mental d'acier de cette gymnaste, le couple d'entraîneurs, tant décriés pour leurs méthodes mais admirés par leurs résultats (les américains ne les ont-ils pas fait venir de Roumanie pour être champion? qu'importe le flacon, pourvu qu'on est l'ivresse ...). Elle décortique les rapports de Nadia avec le pouvoir en place : où commence le libre-arbitre? où s'arrête la soumission ? On la suit tel un pantin désarticulé, marionnette aux mains du Conducator, qui échappe à ses parents, à son entraîneur même, pour représenter La Roumanie, toute puissante face à l'URSS et au monde occidental. Elle pointe le régime Ceaucescu dans son contrôle des femmes, de la menstruation au nombre d'enfants obligatoires.

Dans tous ces sujets abordés, Lola Lafon nous laisse le libre-arbitre justement et elle utilise intelligemment ses conversations fantasmées pour nous apporter d'autres points de vue, nous faire questionner : Béla était dur, oui, mais Nadia avait des prétentions au-delà des siennes encore ! La Roumanie était liberticide, oui mais les sociétés occidentales ne sont-elles pas pire car ne donnons-nous pas nous-même le fouet, avec tous nos appareils géolocalisés ou pucés (téléphone, carte bleue, carte vitale, carte transport, ...) ?
Lola Lafon utilise l'écriture comme la gymaste utilisait ses agrès ou la musicienne qu'elle est, utilise son instrument: elle virevolte, rebondit, nous fait passer par toutes les émotions : tendresse, sarcasme, naïveté, réalisme, compassion, haine.

Durant toute cette lecture, me restaient deux images de mon enfance/adolescence, les pirouettes de Nadia et les corps des Ceaucescu. Ce livre, c'est cela : on passe de la fascination à ce petit bout de femme, véritable OVNI de la gymnastique, du sport même, au mal l'aise, au dégoût (voire la nausée) des circonstances dans lequel tout est arrivé, il reste un gout amer ...
Lien : http://chezsabisab.blogspot...
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