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Critique de nadejda


Une belle écriture simple mais d'une grande intensité poétique qui traduit parfaitement les nuances des sentiments, l'émerveillement et aussi parfois l'angoisse de l'élève Gilles devant la nature qu'il découvre à la Grangère propriété de sa tante où sa mère, à laquelle il voue une véritable adoration, le laisse pour suivre son mari.
Le père reste lointain pour Gilles. Musicien il vit dans son monde, ne supportant pas le bruit : « Il demeurait, à l'ordinaire, absorbé dans ses pensées, et je respectais le plus possible son recueillement, mais le mot, le geste dont il m'arrivait de troubler le silence, provoquaient sa colère ; j'en venais à jouer sans bruit, et à redouter comme la foudre le heurt de quoi que ce fût. »
Devenu interne au collège de la ville voisine de la Grangère, il va être confronté aux autres mais il trouvera toujours réconfort et douceur dans sa perception aigüe du monde qui l'entoure : « Quelques bruits venaient du dehors ; pas sonores dans la rue, chanson à mi-voix d'un passant, longs miaulements de chats en lutte sournoise, mais un grand calme s'étendait le plus souvent autour de nous, et la respiration même du dortoir invitait à la somnolence. »

Un livre à la beauté douloureuse, à l'atmosphère mélancolique, qui laisse planer un mystère. Cette lecture s'accorde parfaitement à l'ambiance automnale et j'ai parfois songé au Grand Meaulnes tout en plaçant au-dessus ce roman d'apprentissage que l'on peut, après lecture, prendre et rouvrir à n'importe quelle page. Dans les désarrois de Gilles, dans sa quête d'amour et de beauté on peut puiser à chaque moment.

Dans sa préface à l'édition de 1956 au Club français du livre, François Mauriac nous dit :
« L'auteur de « L'Elève gilles » a possédé la terre comme aucun autre homme que j'aie connu ne l'a possédée.(…) Il a connu les odeurs de la terre à chaque heure de la nuit et du jour et selon les moment de l'année. Un jardin, une maison pourvu qu'elle fût pauvre, que le temps lui eût imposé sa patine et que des morts aimés y aient vécu, devenaient un royaume et ce doux en était le maître. Les lecteurs de l'Elève Gilles sauront jusqu'où allait cette possession du monde dont mon ami avait reçu le privilège. »
(…) « André Lafon, mort à trente ans, avançait à reculons dans la vie. « Toute l'hostilité de la vie m‘attendait au seuil du jardin. » Ce sont les dernier mots de L'Elève Gilles. Ils résument le drame d'une destinée. »

André Lafon appartient comme Alain Fournier et bien d'autres, à la génération perdue, celle qui a été fauchée par la guerre de 14-18. Il est mort en 1915. Un auteur à redécouvrir dont je ne comprend pas qu'il reste méconnu.
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