Le Serment des traqueurs

Bon... Je suis désolée, mais il est évident que je ne vais pas être gentille au cours de cette critique.
Il m'a fallu beaucoup de bonne volonté pour finir ce livre, comme il m'a été offert dans le cadre d'une masse critique c'était la moindre des choses et, surtout, j'ai espéré jusqu'au bout pouvoir en dire quelque chose de positif : en vain.
Rien ne va que ce soit le contenu, le vocabulaire, la narration. L'histoire tient à peine debout, les personnages sont sans saveur et on ne s'attache pas à eux, les actions sont mal amenées mal menées et pour certaines totalement inutiles.
Je prends pour exemple la fameuse potion de vérité, qui a priori inflige des souffrances inimaginables, que Aïna accepte sans vraiment de menaces d'avaler pour révéler un plan qu'il ne fallait surtout pas révéler à sa mère d'adoption pour finir de toute façon par lui dire "c'est comme ça" et s'en aller tranquillement : quel intérêt ? La même scène se réitère quelques chapitres plus loin, cette fois c'est Aïna qui force sa mère d'adoption à avaler la potion, et quand je dis "forcer" c'est limite demander poliment et l'autre accepte sans problème alors qu'elle sait qu'elle va souffrir, pourquoi ? ! Elle aurait pu tout aussi bien lui dire de vive voix puisque de toute façon la jeune fille ne va croire que ce qu'elle a envie dans les souvenirs auxquels elle aura accès.
Les personnages sont totalement inconstants par rapport aux descriptions qui en sont faites je prends Conrad en exemple : décrit comme incapable d'aller contre sa mère (et le démontre), et qui, le paragraphe suivant, l'envoie bouler et, quelques chapitres plus loin, la met carrément en prison.
On pourrait également parler du fait que Aïna est particulièrement antipathique aussi bien dans ses pensées (elle tue tout de même les animaux selon son bon vouloir et sans culpabilité aucune, mauvais point supplémentaire à l'autrice qui a quand même osé faire une phrase plutôt malencontreuse et malvenue sur le fait que les gens qui protègent les animaux sont des gens qui sont forcément gâtés par la vie et non pas d'autres soucis que de s'en préoccuper #boboparisiensbonjour n'est-ce pas ?) que dans ses actions et dans sa façon de voir les choses. À aucun moment dans le livre elle ne paye le prix de ses mauvaises décisions (elle est quand même à l'origine de la mort d'une fée ?!) et tout va bien, elle est particulièrement aveugle à la duplicité de son "grand amour" qui d'ailleurs est bien ridicule dans la façon dont il est amené et décrit on comprend dès les premières pages que lui l'a trahi mais elle a l'air trop bête/mièvre pour percuter.
Ynaé n'est pas beaucoup mieux, et pas beaucoup plus constante non plus, elle semble détester son nouveau partenaire et en tomber perdument amoureuse d'une page à l'autre sans qu'on comprenne exactement comment ça ça s'est produit (??!) ; elle a choisi sa profession apparemment parce qu'elle avait une obsession pour les aigles (???) On sent que l'autrice essaie de lui donner une forme de personnalité un peu en manque de confiance mais elle insiste tellement dessus que c'est un peu incompréhensible quand tout d'un coup elle devient une protectrice affirmée confirmée et guerrière, encore une fois : d'où ça vient ?
De toute façon le ton est donné dès le départ de l'ouvrage, puisque dès les premiers chapitres on ne comprend pas pourquoi un parfait inconnu, a priori meurtrier en série, (il se vante quand même de 60 meurtres) vient en aide à la protagoniste sans raison aucune et la sauve plutôt que de sauver sa vie. Ça n'a absolument aucun sens et l'autrice en rajoute sur des émotions qui n'ont pas lieu d'être : Aïna qui serait presque à deux doigts de pleurer pour un homme qu'elle ne connaît pas et qui semble être un salaud fini. C'est bien l'un des principaux problèmes de cet ouvrage, tout est mélodramatique, tout est exagéré dans l'émotion, le vocabulaire est particulièrement ronflant et agaçant et qui plus est se répète sans cesse. C'est tellement pauvre en fait que j'ai même eu du mal à donner un visage à la plupart des personnages, à me les imaginer tout court, et j'avais même parfois du mal à me rappeler qui était qui quand les prénoms sortaient.
Bref, vous l'aurez compris, je n'ai rien à dire de positif et j'en suis bien désolée. Je pense que c'est le problème avec les concours, on est bien obligé de choisir un lauréat, mais la personne n'a pas forcément le talent espéré. L'imagination est peut-être là, en jachère, et peut-être bien que le sens de l'écriture aussi, mais il faudrait un travail colossal avec une maison d'édition qui s'implique et de nombreuses relectures pour arriver à quelque chose de potable. Un autre exemple qui démontre que ça n'a pas été relu correctement, et que le boulot n'a pas été fait, c'est la scène où Aïna vient en aide aux condamnés en buvant une potion d'invisibilité et qu'elle leur dit "au coup de feu suivez-moi" : comment sont-ils censés la voir ?!!
J'ai un moment songé que c'était peut-être parce que j'avais perdu l'habitude de lire des ouvrages de jeunesse que j'étais aussi réfractaire c'est pourquoi je me suis penchée sur d'autres livres que j'ai à la maison et au travail pour me faire une idée et la conclusion est que c'est bien un problème de talent et d'écriture puisque d'autres ouvrages jeunesse continuent à m'entraîner dans leur univers sans problème et avec enthousiasme.
En conclusion, voilà un livre qui n'ira pas dans ma bibliothèque et va finir dans la boîte à livres derrière chez moi dès aujourd'hui. Bon courage à celui qui s'en emparera.