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Critique de Sando


Originaire de Macau, un petit village du Médoc perdu entre les vignobles, le narrateur sait qu'il ne sera pas ouvrier, comme son père. Son avenir est ailleurs, loin du terroir, plus proche de la culture. Alors, à dix-huit ans, le jeune homme part pour Paris, dans l'intention de percer en tant que réalisateur. Mais très vite, ses maigres économies fondent comme neige au soleil et la nécessité de trouver un travail s'impose. A défaut du cinéma, il se retrouve embauché par Henry, dans une galerie d'art. Mais ce qui ne devait être qu'un travail alimentaire va sournoisement se muer en carrière pour le narrateur qui, s'il a tiré une croix sur ses rêves, côtoie néanmoins le gratin de la société bourgeoise et branchée parisienne.


Tout ne va donc pas si mal, jusqu'au jour où, alors que vingt années se sont écoulées depuis son arrivée à Paris, il reçoit une lettre de son frère Luc… Cinq lignes qui vont lui faire l'effet d'un tremblement de terre et le ramener brutalement à ses origines provinciales qu'il s'est pourtant efforcé de gommer, au point d'avoir coupé les ponts avec sa famille depuis sept ans. Commence alors une errance dans la nuit parisienne, propice à la réflexion et à la rêverie, au cours de laquelle il fera la connaissance de Jean-Claude van Damme qui lui prodiguera l'un de ses discours métaphysiques dont lui seul a le secret. Des conseils qui ne laisseront pas insensible cet homme déraciné qui semble avoir perdu son chemin…


Quel plaisir de retrouver Jean-Claude Lalumière et sa plume pétillante dans ce nouveau roman ! Voilà un auteur que je suis avec intérêt depuis ses débuts et qui m'enchante et me surprend à chaque fois ! Il nous offre cette fois un regard impitoyable sur le monde de l'art avec ses artistes autistes qui s'efforcent de rester incompris, ses acquéreurs ignorants qui pensent que le talent du créateur se résume au prix fixé à son oeuvre, son élite de pique-assiettes superficielle et ennuyeuse. Une vision contrastée du milieu culturel qui exerce à la fois une fascination et un dégoût chez le narrateur qui, parti de rien, côtoie à présent cette classe sociale supérieure à la sienne sans pour autant parvenir à s'en faire accepter…


C'est également l'occasion pour l'auteur d'aborder le sujet des différences culturelles entre villes et campagnes et le clivage social qu'il existe entre les deux. Un sujet que je trouve vraiment intéressant, parfaitement servi par la plume drôle et acerbe de Jean-Claude Lalumière ! On se régale à chaque instant de ses traits d'esprit et de son audace. Mais il n'y a pas que ça… J'ai été profondément émue et surprise par la fin de l'histoire, ce qui m'avait peut-être manqué dans les deux précédents romans de l'auteur. Sous des dehors légers, il soulève également la question de l'amour filial et de l'attachement à une terre. Que ressent-on quand on est déraciné ? Est-il possible de renier définitivement ses origines ? le mal être du narrateur nous plonge directement au coeur de ces réflexions, placées sous le sceau de la culpabilité et du déni… Un roman aux multiples facettes, à la fois grave et léger, qui m'a complètement séduite !
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