l injustice est muette,la
justice crie.
Un homme qui frappe une femme mérite de crever. Surtout si c’est une habitude.
La peur, la colère, la rage, la tristesse étaient des fardeaux, dans un combat. Seuls comptaient les déplacements, les coups, les esquives, la mise à terre de l’ennemi. Il n’y avait pas de pitié à avoir, pas de colère à éprouver. La vie était épouvantable, il fallait s’en accommoder, et Keller l’avait appris à la dure. La victoire, c’était l’unique but.
Je sais la douleur que peut provoquer la disparition d’un être proche. Je sais, Keller. C’est comme un incendie de forêt : tout est ravagé. Les sentiments, les impressions, la mémoire, tout.
...On devient une machine à vengeance. On n’est plus un homme.
— Je vous interdis d’intervenir dans le travail des policiers.
— Bien sûr.
En langue politique, la phrase voulait dire exactement le contraire.
La justice militaire n’avait pas l’habitude de plaisanter avec les gens qui mettaient sur Internet des secrets-Défense…
La boxe lui avait appris à respirer, l’escrime à attendre le bon moment. Tout dépendait d’un délicat équilibre.
Aussi dure que soit la souffrance, aussi dure que soit la vie, il faut rester debout, avancer même comme une ombre, ne jamais baisser les bras, ne jamais laisser tomber. Il avait fait un choix, il n’était pas Dieu, qui lui-même n’avait pas le droit de vie ou de mort sur les êtres humains quels qu’ils soient. Mais il était dans une spirale de vengeance contre un système défaillant et laxiste, protecteur du nanti et méprisant du pauvre, et ça, il ne le supportait pas. La vengeance, dans toute sa bassesse, le ramenait peut-être au même niveau que ses victimes.
L’ennui, avec les racailles, c’est qu’il y en avait un nombre infini. Écrasez cinq cancrelats, il en revient dix.
Pour combattre les voyous, il fallait des méthodes de voyou.