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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman noir, mélange d'odeurs d'enfance et de mort.

Le livre commence simplement par la narration d'un jeune garçon qui parle de son quotidien, de l'école, de ses profs et de ses compagnons de classe.

Puis, le ton change peu à peu, avec une petite voisine avalée par un chasse-neige, l'activité l'homosexuelle, le grand-père qui se prend pour un fantôme…

Puis encore des morts et des fantômes, ainsi que la critique de la petite ville tranquille toujours muette sur les violences qu'elle cache dans ses entrailles.

Un roman étonnant, une écriture évocatrice qui navigue entre le quotidien et le fantastique, entre des victimes innocentes et de la rage qui bouillonne…
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Les enfants meurent de mort violente à Chicoutimi.
Mais ils reviennent, tous: sur les bancs de l'école pour finir leur scolarité, au chalet pour jouer et assouvir leurs pulsions adolescentes et enfin, pour démolir Chicoutimi
C'est gore, violent, haineux, féroce, halluciné mais j'ai lu ce livre d'une traite, mue d'abord par une espèce de curiosité malsaine proche du dégoût (et si c'est ce que l'auteur à voulu, c'est réussi) puis fascinée par l'écriture quelque fois maladroite mais tellement vibrante et rythmée, en soutien de la haine et du désespoir qui sous-tend le réglement de compte.
Quand on sait qu'il s'agit d'un premier roman et que bien souvent un premier roman est issu d'une expérience vécue ou d'un ressenti, on peut imaginer sans peine la souffrance qui explique la rage et la rancoeur avec lesquelles l'auteur, lucide et blessé sans doute, s'attaque dans ce livre aux apparences de respectabilité d'une société sclérosée dans le bien pensant.
C'est l'enfance qu'on tue à Chicoutimi et malheureusement, il y a des "Chicoutimi" tout autour de la planète.
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J'ai été totalement envoûtée par ma lecture de ''Tu aimeras ce que tu as tué''. le style est infernal, cadencée, puissant, les personnages sont massacrés les uns après les autres, mais reviennent pour une vengeance sans nom.
Étant moi-même originaire de Chicoutimi, j'ai reconnu ma ville dans tous les aspects du roman, me suis surprise à l'haïr autant que Faldistoire, avec sa respectabilité de façade et sa société handicapée. Un livre impossible à lâcher, ensorcelant et déroutant.
Probablement, ma meilleure lecture depuis un long, très long moment...
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Avant de vous parler de son second roman qui arrive en France, je voulais vous parler de son premier roman qui est uniquement sortie au Québec pour l'instant. Je n'avais pas prévu de le lire dans l'immédiat mais il se trouve que j'ai rencontré l'auteur à Livre Paris où j'ai pu me procurer son premier livre et ensuite j'ai appris que son second roman sortait en France.

De plus vous devez commencer à le savoir mais je suis une grande amoureuse de la littérature québécoise. Je trouve que les auteurs ont un style qui ne s'encombre pas de filtre. Ils sont beaucoup plus directs pour exprimer les sentiments. C'est ce que je constate chez cet auteur. Sans parler de son second roman en détail, je trouve que son écriture est très directe avec beaucoup de violence. Il y a beaucoup de révolte chez cet auteur qui semble se défouler à travers ses écrits d'une grande maturité pour un si jeune auteur. C'est encore plus saisissant dans son premier roman.

Ce premier roman montre très bien ce que j'ai ressenti dans son écriture. Il y a beaucoup de violence et de révolte envers une ville. le personnage principal est un jeune homme qui est en lutte contre cette ville, cette société, sa famille et les adultes qui l'entourent.
Ce jeune hait tout de cette ville sauf ceux de son âge en général. Cette haine monte de plus en plus au fur et à mesure du livre et elle est de plus en plus violente. Il veut se rebeller par tous les moyens possibles. Mais ce qui est le plus étrange c'est que tous les enfants vont mourir et ensuite revenir vivre à la vie comme si de rien n'était. C'est assez perturbant pendant la lecture mais ce n'est pas sans avoir un sens.

On va le suivre depuis son entrée dans ce que l'on pourrait appeler la maternelle ou primaire jusqu'au lycée. On le voit grandir et tenter de survivre dans cette ville qui ne veut pas que du bien aux jeunes. On se focalise aussi sur la découverte de la sexualité qui lui sert de moyen pour se rebeller à lui et à ses amis. C'est la source de nombreux conflits mais aussi de passion destructrice.
C'est assez perturbant pour le lecteur qui n'a pas l'habitude mais ici il n'y a pas de tabou. On se permets tout et je trouve ça très bien. Il y a une grande liberté que ce soit pour le pire ou le meilleur. Et ce qu'il est important de signaler c'est que tout ceci a toujours un sens. Rien n'est là par hasard.

Le roman est court et mener tambour battant. Les chapitres sont courts et s'enchaine très vite. Il m'a fallu au début m'adapter au langage mais une fois passer ce cap, c'est un vrai plaisir de lecture que je me suis offert. Il n'y a pas à dire mais les québécois savent écrire. C'est très fort à chaque page et ça ne baisse pas du début à la fin. On monte bien sûr en puissance pour un final explosif ! Il ne pouvait pas en être autrement.

Ce n'est pas un roman qui plaira à tout le monde mais pour un premier roman je trouve que c'est une très grande réussite. Cet auteur est définitivement un auteur à suivre de près. Très bientôt je vous parlerais de son second roman qui parait en France pour la rentrée littéraire.
Lien : https://leslecturesdamandine..
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Tu aimeras ce que tu as tué nous met face à une guerre : celle que livre le jeune Faldistoire à Chicoutimi, sa ville qu'il semble haïr au plus haut point. On découvre progressivement ce qui a conduit le jeune garçon à détester autant la ville, qui ne semble avoir d'autre vocation que de tuer l'enfance. Littéralement. Dans ce roman lauréat du Prix Découverte du Salon du livre du Saguenay−Lac-Saint-Jean 2017, les enfants meurent violemment : accident de déneigeuse, homicide familial, perforation du crâne... rien ne leur est épargné. Mais, s'ils meurent, cela ne semble pas les perturber le moins du monde puisqu'ils ont tendance à réapparaître du jour au lendemain, et à reprendre leur vie là où ils l'avaient laissée. Kevin Lambert n'hésite donc pas à bousculer son lectorat, aussi bien avec la cruauté de son texte qu'en défiant la logique.

L'auteur n'hésite pas à souligner cet aspect quand il fait dire à son narrateur : « Déjà, mon avenir est écrit sans que je puisse le savoir, sans que je puisse le lire pour en corriger les fautes d'accord et d'orthographe, les erreurs logiques qui devraient être absentent de tout récit (...) ». Cette phrase, qui intervient quelques pages après la première mention du retour des enfants qui meurent, amène le·la lecteur·rice a faire le lien entre ce que dit le narrateur et le roman lui-même. Cette part de réflexivité qui nous force à sortir du récit pour nous rappeler que nous sommes face à une oeuvre de fiction, nous permettant ainsi de souffler de soulagement face aux horreurs de que l'on a déjà lues et à celles que l'on s'apprête à lire, est également amenée par un autre personnage du roman : Kevin Lambert. À la première apparition de ce jeune adulte qui s'apprête, sans le savoir, à voir sa vie complètement chamboulée, nous ne pouvons que nous étonner de constater que l'auteur a donné son nom à un personnage. L'a-t-il fait pour nous obliger une fois de plus à prendre conscience qu'on est en présence d'un roman ou est-ce un indice qu'il a insufflé dans son texte une part de lui-même ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas l'impression que le personnage Kevin Lambert ressemble à l'écrivain Kevin Lambert. J'ai l'intuition que, s'il faut vraiment retrouver l'auteur dans ce livre, c'est plutôt dans la rancoeur que tient Faldistoire envers Chicoutimi que ça se joue, Kevin Lambert ayant déclaré dans une interview avoir « des souvenirs doux-amers de [son] enfance et de [son] adolescence ».

Tu aimeras ce que tu as tué raconte une révolte sans ménager le lecteur, avec une violence qui ne se manifeste pas que dans les actions, mais également dans la manière d'écrire. On le sent très rapidement, Faldistoire, le jeune narrateur qui n'est qu'en deuxième primaire quand le roman s'ouvre, est un garçon torturé. Cela se marque notamment dans la manière qu'il a d'enchaîner plusieurs phrases dans une seule, d'intégrer les dialogues à la narration, de faire se bousculer les idées, de raconter des souvenirs qu'il n'a pas, d'interpeller les personnages dont il parle, d'annoncer ce qui va se passer plus tard avant de revenir sur ce qui est arrivé plus tôt, tuant le suspense et apportant des réponses tardivement...« Je suis peut-être dans ce rond-point, tout près de Kevin qui me regarde peut-être de ses yeux de départ. (...) J'ai oublié ce jour où Kevin Lambert quitte le quartier. J'ai souvenir d'aucun après-midi ni du chant des oiseaux qui se jettent hors des nids, se brisent le cou en bas des arbres avant d'être mangés par les couleuvres. Je dis ce jour véritable qui existe nulle part dans ma mémoire parce qu'il le faut, et le jour vient, le soleil se lève, le matin se fait, l'après-midi advient, et je suis à quatre pattes sur l'asphalte, à ramper pour aller chercher le ballon sous le camion, Sébastien me tire des roches, Marie-Loup tombe de son vélo et s'écorche le genou. »

Il y a dans la langue de Faldistoire une colère aussi manifeste qu'intense, qu'il intériorise encore au début du récit. Et puis, d'un coup, Faldistoire décide de laisser s'exprimer sa colère, de prendre sa revanche sur Chicoutimi pour accomplir sa destinée. À partir de ce moment-là, à mesure que le chaos gagne la ville, la narration se fait plus conventionnelle (peut-être n'est-ce qu'une impression que j'ai eue ?) : les phrases sont plus courtes, la chronologie est moins malmenée, les enchaînements logiques plus respectés. Comme si, à mesure que la violence tend à changer de camp et à se faire plus virulente, le texte devait se faire plus calme, plus limpide pour mieux souligner la détermination d'un Faldistoire que le désordre semble apaiser.

En définitive, j'ai été complètement soufflé par cette lecture, qui m'a réjoui par la liberté, la fougue et l'ingéniosité de l'auteur, dont il me tarde de découvrir le second roman
Lien : https://8tiret3.blogspot.com..
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Tu aimerais ce que tu as tue était un achat de dernière minute. J'avais déjà acheté Que Notre Joie Demeure (pas encore lu) mais je voulais ajouter à mes achats Québécois. Kevin Lambert est une découverte. Ce jeune (oui, tout le monde est jeune maintenant) de Chicoutimi, est un maître conteur. Quand j'étais petit, j'avais une certaine peur des grandes souffleuses qui nettoyait nos rues. Dans ce roman, le pire des cauchemars devient réalité. Mais ce bouquin est beaucoup plus qu'une histoire tragique, c'est une afin de vivre contre le courant et sortir gagnant. le Québec, on le sait déjà, a du talent.
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Pour faire table rase du passé, la littérature de détestation est une solution. Kevin Lambert et sa prose québécoise y excellent, promettant sa bonne ville de Chicoutimi et ses habitants à l'Apocalypse par ceux envers qui ils commettent leurs crimes les plus graves : les enfants. Oubliez les bons sentiments, il n'y a pas d'avenir, les enfants sont déjà bien assez morts pour en avoir encore ! « Je cherche le ciel pour mieux le maudire, je veux te saisir entière, Chicoutimi, pour connaître le visage de celle que je déteste. »
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