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Critique de Elamia


Un roman d'une élégance rare, une très belle découverte pour le premier tome de cette saga en cinq volumes.

C'est avec beaucoup de retard que je commence cette série écrite par la talentueuse Céline Landressie. Pour ma défense, j'ai réussi à attendre la sortie poche chez Milady de ce premier opus alors même que les deux premiers tomes étaient d'ores et déjà disponibles chez L'homme sans nom.
Comme lors de chaque nouvelle acquisition, je me renseigne un minimum sur le livre, et celui-ci ne réunissait exceptionnellement que des avis positifs. Il me tardait donc de découvrir à mon tour ce récit mainte fois encensé sur la toile mais bien trop absent des librairies à mon goût.
Je n'ai trouvé presque aucun point négatif à cette lecture, hormis quelques petits détails qui me chiffonnent un peu mais c'est une série qui a déjà sa place dans ma bibliothèque.

C'est un roman vraiment très bien écrit, le style est soigné et exceptionnellement poétique. On est très loin de l'écriture simpliste dont font souvent les frais beaucoup trop de livres. A la frontière entre romance et roman d'action historique, Céline Landressie apporte une touche de raffinement et de délicatesse à son ouvrage. A moins que ce ne soit l'influence du très distingué Comte de Janlys qui ait inspiré sa plume...
L'auteure nous plonge à merveille dans un univers raffiné, une ambiance mystique et avec une noirceur admirablement dosée. Il s'agit de Bit-Lit, avec une part d'ombre évidente, mais rien qui ne soit insupportable aux âmes les plus sensibles. Comme je le disais, rien de sanglant ou de macabre, ici tout est en subtilité et en distinction.
Le décor de cette France du XVIème est retranscrit méticuleusement, si bien que l'on se croirait revêtir de magnifiques atours et devenir un convive privilégié dans un bal de l'époque. le contexte religieux et politique est détaillé et mis en avant avec brio et offre un récit approfondi et abouti. Sous le règne d'Henri IV, l'opposition catholicisme/protestantisme est encore un sujet de préoccupation et de conflits malgré la proclamation toute proche de l'Édit de Nantes. Il va de soi que ce contexte riche en tensions politiques s'avère être un décor de choix pour l'intrigue du roman.

La première moitié du récit est vraiment divertissante, les personnages arrivent au fur et à mesure et se distinguent par leur personnalités tour à tour touchante, cocasse ou impérieuse. Les dialogues percutants et les descriptions très lyriques constituent une entrée en matière des plus enthousiasmantes.
Céline Landressie emploie un vocabulaire très riche, elle n'hésite pas à piocher dans des termes de l'époque, certains désuets, mais dont la définition est donnée dans le glossaire en fin d'ouvrage. Pas besoin de se munir d'un dictionnaire donc, tout est réfléchi et pensé pour que l'univers créé soit tangible et non désagréable à la lecture. Nous sommes directement happés dans l'ambiance et l'atmosphère de l'époque.
Au delà de l'aspect historique très précis et recherché, on plonge dans une intrigue elle-même prenante et exaltante. le récit est mené par une héroïne à la personnalité affirmée, et charismatique. A 28 ans, et au grand dam de ses parents, Rose n'est toujours pas mariée. Or le temps presse, étant fille unique, il n'y a pas d'autre héritier pour se charger des bien familiaux, et puis à cette époque, son âge représente un handicap non négligeable. Rose est donc en perpétuel conflit avec ses parents, et se sent souvent incomprise, sauf par sa meilleure amie, Charlotte (et là on pense d'emblée à Orgueil et Préjugés). Mais alors que Rose tente de repousser un énième prétendant, elle rencontre l'énigmatique et étonnant comte Artus de Janlys. Ce dernier lui porte secours à mainte reprise et sait lui prêter une oreille attentive. Peu habituée à autant d'égard et d'attention, la jeune fille tombe indubitablement sous le charme. Plus qu'un protecteur, il va devenir un véritable allié pour Rose, mais sa nature secrète va bientôt être dévoilée et la jeune fille en paiera le prix...

Les relations entre les personnages sont pour le moins assez incongrues et j'ai vraiment apprécié le petit flashback au début du récit. Cette mise en bouche est assez déroutante, mais elle amène parfaitement la suite des évènements.
La relation entre Rose et son père est à la fois touchante, mais aussi explosive. Les différends qui les oppose sont souvent source de disputes, mais leur affection réciproque contribue à calmer les foudres. En revanche, entre Rose et sa mère, les sentiments sont quasiment absents, et lorsqu'elles ne se querellent pas, ce sont presque des étrangères l'une pour l'autre.
Concernant le personnage de Rose, je n'ai absolument rien à lui reprocher. C'est un caractère bien trempé, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et sait ce qu'elle veut. Elle sait aussi faire preuve de sensibilité et de douceur lorsque c'est nécessaire. L'histoire est donc brillamment portée par une héroïne vraiment agréable à suivre, qui ne tombe pas dans des clichés mainte fois réutilisés. En revanche, je suis un peu plus mitigée sur les figures masculines de ce récit. le ténébreux et mystérieux comte de Janlys incarne un personnage beaucoup plus typique. Fort d'une autorité et d'un charme naturel, ses pouvoirs sont quasi-illimités et il prend en main la moindre décision. Finalement, c'est un personnage assez convenu et prévisible qui ne m'a pas vraiment emballée.
Le jeune Adelphe m'a davantage charmée. Il est plus doux, a des airs moins supérieurs et paraît plus honnête et humain. le cadet des frères d'Holival a d'emblée eu toute ma sympathie et j'espère qu'on le verra davantage dans le second tome.

J'ai vraiment aimé le fait que l'auteure limite son intrigue à un panel assez réduit de personnages. En effet, tout ce petit monde gravite autour d'une cour centrale, où interviennent toujours plus ou moins les mêmes protagonistes et dans ce flot de marquis, comtes, vicomtes, et barons il aurait été très facile de se perdre, or ce n'est pas le cas. L'intrigue prend des allures d'enquête et une fois n'est pas coutume, j'aurais été incapable de deviner quels étaient les coupables. le mystère est donc resté entier du début à la fin et l'effet de surprise a bien marché sur moi.

Celine Landressie mêle avec brio aspect historique et action. Si dans la première partie du livre, elle prend le temps d'installer le contexte politico-religieux, de nous plonger royalement dans le XVIème, tant au niveau des décors, que des costumes et du mode de vie, la seconde partie s'avère plus rythmée et pleine d'action. Personnellement j'ai vraiment aimé la première partie et suis restée un peu mitigée sur la suite, et sur les agissements d'Artus de Janlys. En revanche, l'aspect romantique est assez ténu, bien dosé et ne tombe jamais dans la mièvrerie, ce qui est un grand point positif, qui rattrape un peu le côté prévisible du ténébreux comte.

Finalement, moi qui ne suis absolument pas une mordue de bit-lit, me voilà pourtant conquise par La floraison. C'est un roman d'exception qui prend le temps de se savourer (surtout si comme moi, vous attendez le mois de septembre pour la sortie du tome 2 en poche).
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