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Critique de horline


La Mimine, quoi qu'on en dise, c'est une brave fille ! Elle est pô bien née là-haut dans le nord, elle a dû quitter l'école pour se retrouver dans un bobinard à Paris mais elle ne peut s'empêcher de "ramasser les rayons du soleil avec une cuiller à soupe".

Elle connaît ptêt rien à la politique, sait pas faire de "grandes phrases longues comme le bras et creuses comme un ballon" mais depuis sa loge de concierge au 62 rue Montorgueil du côté des Halles, son nouveau job, elle est toujours prête à rendre service à son petit monde, les gentils comme les pas gentils. Oui au turbin, elle se débine pas la Mimine, car concierge c'est "presque directrice, patronne quoi".
Mais lorsque la guerre est déclarée, elle sait qu'il "va y avoir du grabuge". Il y a les mobilisés qui partent pour le front, ceux qui préfèrent se cacher, les tanneurs de cuir du deuxième étage obligés de prendre la fuite, ceux qui font pleins de mystères pour aider à franchir la zone nono et ceux qui vont trouver moyen de faire du "biseness" ou sortir de l'ombre et laisser éclater au grand jour leur haine des juifs. Depuis sa loge, Mimine a l'oeil pour constater qu'il y a du changement dans le quartier, entre ceux qui vont "se mettre en noir parce qu'on a perdu la guerre" et d'autres qui vont se remplir la panse.
Et Mimine dans tout ça ? Elle est à l'image des petites gens sous l'Occupation qui ne veulent nullement être héroïques, ni faire de la lèche aux Schleuhs, mais simplement tenir bon. Remplir l'assiette et se chauffer durant l'hiver. Aider quelques fois si ça ne l'empêche pas de distribuer le courrier de plus en maigre mais aussi accepter les cadeaux d'où qu'ils viennent parce que faut bien "parfois s'amuser un peu pour oublier tout ce qui ne va pas". Elle est comme ça Mimine…


S'il était musicien, Gérard Landrot serait un joueur d'orgue de Barbarie. Avec une gouaille pour manivelle, il déroule une histoire rythmée par une écriture agréable et mélodieuse, une gamme de mots pleine de verve laissant flotter une spontanéité rafraichissante. Un style bien séduisant qui rend le récit vivant et laisse le sentiment de capter entre les lignes l'atmosphère du quartier des Halles de la première moitié du XXe siècle où fourmillaient mille petits métiers et artisans.
Rempli d'anecdotes vraies, ce roman est aussi un miroir reflétant une histoire douce et amère de Paris sous l'Occupation. Entre les restrictions de plus en plus fortes, les obligations de plus en plus contraignantes, le temps de guerre est celui de la débrouille, du troc, des petits gestes qui deviennent des actes héroïques de l'ordinaire, mais aussi des petites lâchetés et des petits arrangements. C'est dans le récit de ces ambiguïtés humaines à travers le personnage de Mimine que l'auteur démystifie la ligne de démarcation entre les bons et les salauds, comme celle entre justice et vengeance à la Libération…
Roman captivant qui a le mérite de mettre en lumière certains faits encore passés sous silence aujourd'hui, notamment la haine et la violence de la fin de guerre.

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