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Critique de jmb33320


« Mais le dérèglement est enclenché. Les repères se brouillent. L'association se défait. Demeurent seuls, face à face, Robert et Andrée, sans la construction du fils qui travaillait, lui, à tenir ensemble ses deux prises. Il leur reste à s'aimer et à vivre unis, non plus en clan mais en couple. Andrée s'y refuse, elle continue inlassablement de nouer, tricoter, tisser, coudre autrement une existence toujours insatisfaite. »

Andrée, la mère, est une femme à bien des égards impossible… Mythomane, elle ne cesse de reconstruire son passé et d'en donner des versions toujours différentes à son fils mais aussi à son compagnon, Robert, qui lui sera pourtant d'une fidélité totale, tout au long de sa vie chaotique. le fils, qu'elle a abandonné nourrisson chez des amis, puis repris, déteste la part masculine qui est en lui, tant sa volonté de mener une existence fusionnelle avec elle est grande. Robert, la pièce rapportée de ce trio le sauvera de cet enfermement. le fils le choisira pour père et Robert l'acceptera pour fils. Ce qui équilibrera la balance.

Il y a bien sûr de l'amour entre ces êtres qui ne peuvent se quitter, mais aussi de la rancoeur, de la haine parfois. Trois parties forment ce roman, aux accents autobiographiques teintés de psychanalyse. La première « Les amours » est saisissante, un huis-clos absolument étouffant.

La seconde, « Les nourritures » apporte un peu de répit et même d'humour. Il décrit le fonctionnement de cette famille, d'avant-garde dans les années 60, qui est, de par la volonté d'Andrée, végétarienne. Ce qui est totalement incompréhensible pour les autres membres de sa famille, avec qui elle rompra. Quelques chapitres savoureux relatent les vacances « à la ferme » du fils, et toute une galerie de portraits finalement assez inquiétants d'illuminés parfois violents et maltraitants.

En plus du mode de vie végétarien la mère adopte aussi nombre de pratiques parallèles : radiesthésie, guérisseurs puis même celles d'une secte d'origine orientale.

Enfin, la dernière partie, « Les guerres », s'intéresse de près aux manoeuvres du fils pour trouver sa voie en dehors de l'emprise de sa mère, aux différents affrontements qu'il a dû mener depuis ses onze ans pour y échapper. Et aussi au passé De Robert, qui a connu la guerre au sens propre.

Une fois encore j'ai été complètement emporté par ce livre de Luc Lang. Je ne peux évidemment démêler ce qui est autobiographique de ce qui ne l'est pas. Il est même possible que rien de tout cela ne soit autre chose qu'une construction littéraire d'une très grande cohérence, sans lien avec l'existence de son auteur. Dans tous les cas, c'est un véritable tour de force, un de ses romans les plus achevés.
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