Voilà ce qu'a fait de nous cette histoire. Des survivants. Des à moitié morts. Des plus tout à fait dans la vie, mais pas non plus dans la mort.
À la question posée en boucle depuis des mois "mais vous n'avez perdu personne, mais vous n'avez pas été blessée, alors de quoi souffrez-vous ?", je réponds si, j'ai perdu quelqu'un. Mais ce quelqu'un est invisible. Je me suis perdue moi-même.
Car si le 13 novembre 2015 m'a appris quelque chose, c'est que, désormais, personne n'est à l'abri d'être un jour victime d'un acte terroriste.
Passer la soirée dans une loge avec un groupe connu à boire des coups, quand on est fan de musique, c'est ce qu'on appelle une putain de soirée.
Passer la soirée dans une loge avec un groupe d'inconnus, à mourir de soif, quand on est pris au piège par trois terroristes armés, c'est aussi ce qu'on appelle une putain de soirée.