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Critique de Godefroid


Nick Gardner fait son trou dans la photo de pub à L.A. ; c'est une vedette, il roule en coupé Lamborghini et habite une superbe maison coincée entre la mer et la PCH (pacific coast highway). C'est un bellâtre célibataire, un cynique pur jus, un égocentrique, un baiseur qui louvoie sans aucune gêne dans la dépravation ambiante alimentée sans mesure par d'impossibles quantités de dollars. Mais il évite soigneusement la dope. Et l'animal n'est pas stupide, il fait même preuve d'une lucidité étonnante concernant l'absurdité de son comportement.

Nick est invité avec sa nana du moment à une fiesta tendance orgie dans une superbe propriété de Malibu. Il lève Candice Bishop, une fille d'une beauté épurée et démoniaque, assoiffée de coke et de sexe très hard. La nuit est volcanique. le matin qui suit, Nick se lève seul, la tête détruite et le bas ventre totalement essoré. Il prend sa voiture pour aller bosser et a juste le temps de voir un clodo soulever de son conteneur-poubelle un sac plastique sanguinolent : la dernière prestation de Candice, en kit. C'est là que les ennuis de Nick commencent... et que son passé de shooter (c'est ainsi qu'on nommait dans les années 60 et 70 ces réalisateurs de petits films porno, avant l'avènement de la vidéo) va remonter à la surface comme une vieille carcasse putréfiée gonflée par les gaz.

Terrill Lankford habite L.A.; il travaille comme réalisateur et Shooter est son premier roman. Court et percutant. Pour le style, la construction et le personnage de Nick, on ne peut s'empêcher de penser à l'excellent Douglas Kennedy. L'efficacité de la narration donne à la dégringolade de Nick une perspective assez affolante. On se délecte au passage des piques à l'adresse de la foule de crétins qui se ruinent pour en jeter un max, blaireaux en 4x4 et consorts. Mais le roman passe un peu trop vite : le personnage de Nick est rapidement brossé au départ, puis on embraye sur de l'angoisse et de l'action, un peu au détriment de notre gaillard qui ne s'épaissit pas suffisamment dans la suite. Malgré un récit à la première personne, Nick Gardner ne nous devient pas aussi indispensable que le Ned Allen ou le Ben Bradford de Kennedy. de ce point de vue, Lankford travaille comme un pointilliste qui ne remplirait pas complètement sa toile. Il nous ouvre un appétit énorme sans assurer tout à fait au plat de résistance. C'est un peu dommage, car il y avait là matière à un chef d'oeuvre du genre. Un bon roman donc, malgré cette réserve.
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