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Critique de Loucy


Voici ma première lecture de la rentrée d'hiver et autant dire que le niveau est haut. Quelle claque ! le deuxième livre de Céline Lapertot a tout pour nous bouleverser, nous emporter dans le récit d'une jeune fille parricide. le titre m'avait intriguée lors de ma veille littéraire et le résumé m'avait convaincue. Mais autant vous dire que j'ai dévoré les 200 pages du livre, commencé ce matin et fini ce soir. Et surtout j'ai très envie de découvrir son premier roman désormais.
Nous découvrons l'histoire de Charlotte petit à petit en suivant ce qu'elle écrit au juge qui doit rendre son verdict sur le meurtre qu'elle a commis : elle a tué son père. Un acte qui semble horrible et pourtant en lisant le passé, en découvrant ce que la jeune fille a enduré, on ne peut que la comprendre. Et une question arrive « pourquoi n'a-t-elle rien dit ? ». Cette question est bien entendu anticipée par la jeune fille, qui nous explique, qui permet de se placer dans la peau d'une autre sorte de victime. Celles qui ne parlent pas. Et Céline Lapertot trouve réellement les mots, les phrases, la rythmique qui nous touchent, elle est vraiment très juste. On a l'impression d'avoir trouvé ce cahier destiné au juge et de lire les mots écrits par Charlotte. On tombe complètement dans cette histoire, elle nous semble vraie, on oublie le roman.
La rythmique fonctionne à merveille, tout tombe parfaitement. On découvre l'évolution de l'horreur, en suivant l'âge de Charlotte de ses sept ans à maintenant, soit dix ans plus tard. A chaque début de chapitre, on retrouve une ou deux phrases à l'attention du juge, des phrases choc qui nous marquent.
L'évolution de la vision de Charlotte est également très intéressante, tout comme son regard sur sa mère. Au tout début, on sent de la pitié envers sa mère, de l'incompréhension : comment peut-on s'oublier au point de se laisser faire ainsi par son mari ? Elle a la certitude que son père ne lui infligera jamais le moindre sévisse, et pourtant … Petit à petit, on voit comment il la soumet, comment elle analyse la situation. J'ai beaucoup apprécié de voir les raisons de son mutisme et qu'elle explique le pourquoi comme elle pouvait.
« Je suis une victime. Une victime détestée par d'autres victimes qui ont eu , elle, le courage de parler. Une victime gênante pour les bien-pensants qui s'imaginent qu'il auraient mieux fait que moi.
Moi je lui aurais fait du chantage.
Moi j'aurais tout dit à mes profs.
Moi je l'aurais tué depuis longtemps déjà. »
J'ai aimé également les thématiques abordées plus ou moins explicitement : la surcharge des tribunaux (Charlotte a rendez-vous à 8h le matin pour être jugée, et aura finalement le temps d'écrire tout un cahier à destination du juge), la violence que l'on ne détecte pas, la solitude, l'envie de vivre, les victimes et l'impossibilité d'alerter, mais aussi la rancune de certains personnels qui lui en veulent au final qu'elle ne les ait pas prévenus et qu'ils n'aient ainsi pas pu être les sauveurs de la jeune femme.
On lit ce livre en apnée, d'une traite, on ressent toutes les émotions de Charlotte, on éprouve du ressentiment, de la colère, de la pitié, du désespoir, de l'espoir, … Et surtout on comprend son geste.
Un gros coup de coeur pour ce roman.

Lien : http://loulitla.com/2014/01/..
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