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Critique de Aela


Aela
12 février 2021
Un très beau sujet qu'aborde ici Alexandra Lapierre, fille de Dominique Lapierre: celui de la ségrégation raciale dans l'Amérique du début du 20ème siècle, par le biais d'un personnage étonnant: Belle da Costa Greene, issue de la bourgeoise noire et intellectuelle de l'époque.

Son père, avocat, est un activiste qui a eu même un poste de consul en Russie! Issue de nombreux métissages, la famille voit son ascension bloquée par les terribles lois de Jim Crow de 1877, qui vont marquer la fin de la Reconstruction après la guerre de Sécession, et instaurer de nombreuses interdictions aux Noirs: ségrégation dans les trains, lieux publics, universités....
Belle, au teint clair, va franchir le cap de la "barrière de couleur" et se déclarer "blanche" par ambition, quitte à renier ses origines. En effet sévit à l'époque le "One-Drop Rule", à savoir "la règle de la goutte unique" qui veut que un seul ancêtre africain suffit à définir toute la lignée comme "afro-américaine".

La tentation est trop forte pour Belle qui s'éloignera de sa famille, fera le voeu de ne pas avoir d'enfants, pour que le secret de sa naissance soit bien gardé.
Ambitieuse elle est, et de nombreux talents et capacités elle a: elle a une carrière fulgurante: simple agent de bibliothèque à l'université de Princeton NJ, après un stage à la Lenox Library, elle rencontre le neveu, Junius, du célèbre homme d'affaires JP Morgan qui va, lui , lui confier le soin de gérer sa monumentale bibliothèque.
Belle va réussir magnifiquement cette tâche,

Dans les années 1910 elle est l'une des femmes les plus célèbres des Etats-Unis. Elle devient experte en manuscrits, incunables et livres anciens. Elle l'emporte sur ses collègues masculins lors de la vente de la collection du bibliophile Robert Hoe, en achetant pour 50 000 dollars la première édition anglaise d'un roman arthurien imprimé en 1485.

Belle devient la coqueluche de l'aristocratie internationale et mène un grand train de vie en collectionnant, en plus des livres, les amants, les sorties, les alcools... bref une flamboyante qui ne passe pas inaperçue!

Belle, la femme la mieux payée d'Amérique, représente un beau symbole de réussite, même si l'accès à ces hautes sphères a dû s'accompagner d'un terrible mensonge sur ses origines, dû à la politique raciale ségrégationniste de l'époque.

Ce livre est un beau portrait de femme, un personnage historique peu connu mais qui a marqué le monde de l'art et le monde culturel de l'époque.
Belle refuse de se laisser définir par sa filiation et atteint les sommets.. On voit aussi une belle peinture de l'Amérique des années 1910, 1920, 1930..
seul petit bémol; j'ai regretté certaines longueurs dans le récit. Par contre j'ai apprécié le côté original du sujet avec cette biographie d'un personnage féminin pas forcément très connu...

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