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Critique de Folfaerie


En décembre 1984, une fuite de gaz à l'usine de pesticides d'Union Carbide a provoqué la mort de 15 à 30000 personnes - sur plusieurs années - qui avaient inhalé ces vapeurs toxiques. Outre les décès immédiats, 4000 personnes, un nombre beaucoup plus important, et indéterminé, de gens sont décédés des suites de cet accident industriel. En compensation, Union Carbide, aujourd'hui possédée par Dow Chemical Co, avait payé 470 millions de dollars en 1989.

Dominique Lapierre a mené l'enquête sur ce tragique accident industriel qui s'est transformé en cauchemar. On ne sort pas indemne d'une telle lecture, d'abord à cause de l'ampleur de la catastrophe (les descriptions des effets du poison sur la population font froid dans le dos, et l'hécatombe s'est poursuivie bien après que le nuage toxique se soit dissipé) mais surtout à cause de la logique et du mécanisme qui ont abouti au drame. Une fois encore, les grandes multinationales ignorent et bafouent les droits des plus pauvres, et de la nature, au nom du sacro-saint fric que peuvent générer de tels produits chimiques (ici le sevin).

Dix ans après la catastrophe, une étude de Greenpeace démontrait la contamination préoccupante des eaux souterraines dans les environs du site. Et pied de nez du destin, une action en justice relative au fait que des milliers de gens ont bu de l'eau polluée après la catastrophe de Bhopal (Inde) de 1984 a été réouverte, lundi 3 novembre 2008 par une cour d'appel américaine du nord-est des Etats-Unis, d'après l'agence de presse Reuters.



J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur qui allie force et sensibilité. En fait, ça se lit vraiment comme un thriller. On suit plus particulièrement certains personnages, le suspense monte avant la catastrophe (car il y a eu des signes avant-coureurs, soigneusement ignorés), la scène de la gare est à ce titre vraiment saisissante.

La société Indienne a pris modèle sur les Anglais. Croulant sous une bureaucratie rigide, les bonnes volontés, médecins compris, qui vont essayer de faire face à la catastrophe et d'aider les survivants, vont se heurter à un grand nombre de difficultés. Pendant que certains chanceux boivent du thé et jouent au criket, d'autres n'ont pas de quoi manger et encore moins l'accès aux médicaments. Si le bilan fut si élevé, ce fut aussi en partie à cause de ce système et cette administration défaillants et peu adaptés au pays.

Le propos même du livre déborde d'ailleurs de la catastrophe de Carbide. Dans les dernières pages, on assiste à l'arrivée des représentants d'un nouveau géant qui s'apprête à écrabouiller sous son talon le peuple Indien : Monsanto et ses graines miracles qui résistent aux insectes et aux maladies. Et vive le capitalisme, non ?
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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