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Critique de Bookycooky


Elena Lappin est née à Moscou en 1954, d'un père tchèque juif et d'une mère arménienne, demi-juive du côté de sa mère. Quatre ans plus tard elle rejoint avec sa mère son père qui habite Prague et en 1970 la famille émigre à Hamburg.....En 2003 à 47 ans, mariée , trois enfants, habitant Londres, elle reçoit un coup de téléphone qui va bouleverser sa vie et chambouler tout ses repères : son vrai père est le fils d'une famille américaine vivant à Moscou à l'époque. L'écrivaine qui auparavant écrivit deux livres, "Le nez" dont le sujet est un silence familial écrasant, et "L'homme qui avait deux têtes ", qui aborde la vraie histoire d'un clarinettiste suisse, qui revendique à la fin des années 1990 une enfance dans les camps d'extermination et y convainc un large cercle de lecteurs avec un livre-témoignage avant que son imposture soit démasquée.....la voici rattrapée par la fiction ( prémonitoire ?). Dés qu'elle apprend la nouvelle , elle sait que c'est vrai, et d'ailleurs la suite le confirmera rapidement.
Époustouflant non ?
Dans ce livre autobiographique où elle essaie de remettre à sa place la nouvelle donne des pièces du puzzle de sa Vie, brouillant les limites entre réalisme et autofiction, essayant de comprendre ses racines chamboulées, le coeur de l'histoire sont les langues de sa vie,
L'anglais, sa langue d'écriture, -qu'elle réalise qu'elle était déjà là à sa naissance-,
Le russe, la première langue qu'elle apprend, -qui définit l'identité culturelle de ses parents, mais une fois à Prague devenant celle de l'ennemie qu'elle ne parlera plus qu'en privé-,
Le tchèque, la langue de son moi profond et de ses secrets,- la langue de l'humour,qu'elle apprend en quatre mois, après son arrivée à Prague-,
Le français , la langue de la lecture, -apprise poussée par ses parents -,
L'allemand, la langue émotionnellement incompatible avec son judaisme,- qui lui fera découvrir l'oeuvre de Franz Kafka, tchèque d'origine, allemand de langue maternelle, sa première prise de conscience avec son propre judaïsme-,
Finalement, l'hébreu sa langue de communication ,-apprise en dernier et qui servira de langue commune avec ses petit-enfants-.

Ma première rencontre avec Elena Lappin, elle m'a subjuguée.
Un magnifique témoignage sur l'Europe du XX siècle et sa suite dans le tourbillon des mouvements migratoires et de l'exil suite aux guerres, aux dictatures et crises économiques.
Sur le plan privé, un émouvant mémoire sur la famille aux pénibles ou heureux migrations linguistiques, foisonnant de délicieuses épisodes de ses tribulations à travers le monde , Moscou, Prague, Hambourg, Tel-Aviv, Londres, NewYork.....

«L'émigration fonctionne comme le ciseau du sculpteur : elle nous aide à faire naître une silhouette à partir d'une masse informe d'idées brutes.»


















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