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EAN : 9782879296456
384 pages
Editions de l'Olivier (20/04/2017)
3.82/5   14 notes
Résumé :
Il y a 15 ans, un soir de février, Elena Lappin, qui vit à Londres avec son mari et ses enfants, reçoit un étrange coup de téléphone en provenance de Moscou : un homme qui prétend être son oncle lui révèle que son père « officiel » n’est pas son vrai père.
C’est le début d’une incroyable enquête qui, de la Russie à la Tchécoslovaquie, de l’Allemagne à Israël, jusqu’au Canada et aux U.S.A., la conduit à repenser complètement son histoire. Celle d’une famille ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Elena Lappin est née à Moscou en 1954, d'un père tchèque juif et d'une mère arménienne, demi-juive du côté de sa mère. Quatre ans plus tard elle rejoint avec sa mère son père qui habite Prague et en 1970 la famille émigre à Hamburg.....En 2003 à 47 ans, mariée , trois enfants, habitant Londres, elle reçoit un coup de téléphone qui va bouleverser sa vie et chambouler tout ses repères : son vrai père est le fils d'une famille américaine vivant à Moscou à l'époque. L'écrivaine qui auparavant écrivit deux livres, "Le nez" dont le sujet est un silence familial écrasant, et "L'homme qui avait deux têtes ", qui aborde la vraie histoire d'un clarinettiste suisse, qui revendique à la fin des années 1990 une enfance dans les camps d'extermination et y convainc un large cercle de lecteurs avec un livre-témoignage avant que son imposture soit démasquée.....la voici rattrapée par la fiction ( prémonitoire ?). Dés qu'elle apprend la nouvelle , elle sait que c'est vrai, et d'ailleurs la suite le confirmera rapidement.
Époustouflant non ?
Dans ce livre autobiographique où elle essaie de remettre à sa place la nouvelle donne des pièces du puzzle de sa Vie, brouillant les limites entre réalisme et autofiction, essayant de comprendre ses racines chamboulées, le coeur de l'histoire sont les langues de sa vie,
L'anglais, sa langue d'écriture, -qu'elle réalise qu'elle était déjà là à sa naissance-,
Le russe, la première langue qu'elle apprend, -qui définit l'identité culturelle de ses parents, mais une fois à Prague devenant celle de l'ennemie qu'elle ne parlera plus qu'en privé-,
Le tchèque, la langue de son moi profond et de ses secrets,- la langue de l'humour,qu'elle apprend en quatre mois, après son arrivée à Prague-,
Le français , la langue de la lecture, -apprise poussée par ses parents -,
L'allemand, la langue émotionnellement incompatible avec son judaisme,- qui lui fera découvrir l'oeuvre de Franz Kafka, tchèque d'origine, allemand de langue maternelle, sa première prise de conscience avec son propre judaïsme-,
Finalement, l'hébreu sa langue de communication ,-apprise en dernier et qui servira de langue commune avec ses petit-enfants-.

Ma première rencontre avec Elena Lappin, elle m'a subjuguée.
Un magnifique témoignage sur l'Europe du XX siècle et sa suite dans le tourbillon des mouvements migratoires et de l'exil suite aux guerres, aux dictatures et crises économiques.
Sur le plan privé, un émouvant mémoire sur la famille aux pénibles ou heureux migrations linguistiques, foisonnant de délicieuses épisodes de ses tribulations à travers le monde , Moscou, Prague, Hambourg, Tel-Aviv, Londres, NewYork.....

«L'émigration fonctionne comme le ciseau du sculpteur : elle nous aide à faire naître une silhouette à partir d'une masse informe d'idées brutes.»


















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C'est le récit de la vie d'Elena Lappin et de ses voyages ou plutôt de ses relocalisations dans les langues, l'obligeant à reconstruire son identité à chaque nouvel emplacement. On pense tout de suite au livre de Jeanette Winterson qui avait fait grand bruit à sa sortie, il y a quelques années, intitulé Les oranges ne sont pas les seuls fruits, ainsi qu'au beau et intime livre de Juliette Kahane, La fille, deux ouvrages sortis eux aussi à L Olivier - ce qui dénote de la part de cet éditeur un choix, un bon goût et une sensibilité pour ce genre de récit de vie et on lui en sait gré. Mais pour revenir à Elena Lappin, cette dernière est "scout littéraire" - sa vie est un roman qui s'écrit encore, toujours en mouvement, fantasque, plein de livres, de rencontres, de découvertes. Son métier, en plus d'éditrice (et écrivaine dans le cas présent), c'est de lire des romans pour d'autres éditeurs qui les traduiront et ça, elle le peut car Elena Lappin parle russe, tchèque, allemand, hébreux et anglais - rien que ça. Mais ce livre est aussi l'histoire d'un exil, de la russe soviétique vers la Tchécoslovaquie, puis vers l'Allemagne des années 70, Israël et le Canada, les Etats-Unis des années 80 et l'Angleterre des années 90. Et comme tout exilé, Elena est en perpétuelle recherche d'elle-même et de ses racines, et c'est aussi ce que raconte ce récit : la découverte de la judéité, son vrai père, ses aïeux qui, dans certains cas, ont décrit dans de courts récits eux aussi leur époque ! Vous l'aurez compris, on est là dans une excursion géographique, mais aussi familiale, une errance dans les langues et dans le temps. C'est passionnant de bout en bout, ça dit beaucoup de choses intéressantes sur la traduction, les langues, les objets (chargés de souvenirs), sur le monde universitaire et, finalement, sur le monde, car comme le note l'auteur à propos de l'un de ses oncles, alors qu'Elena et lui essaie de savoir qui de Saul Bellow ou Philip Roth est le meilleur écrivain juif américain : "Il (l'oncle donc) pensait que la société était en train de s'atomiser, chaque individu agissant à sa guise, de plus en plus détaché de toute valeur communautaire" et de rajouter encore "C'était là une vision pessimiste, mais presciente." - Un beau récit.
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Quand elle avait 3 ans, les parents d'Elena , tous deux Juifs laïques profondément attachés à leur culture, ont fui Moscou et son régime totalitaire pour Prague. Enfant, elle par russe avec ses parents, et tchèque avec son frère et à l'école. En 1968 , après le Printemps de Prague, ils s'enfuient à Hambourg où elle va enfin se confronter à son identité juive. Elle a au passage appris l'anglais, la voilà qui s'initie à l'allemand.
Jeune fille elle s'installe en Israël, vit l'aventure des kibboutz, perfectionne son hébreu, épouse un Juif canadien, puis vit à Ottawa, à New York… Elle finit par s'installer pour sa vie de femme à Londres.

Dans ce très attachant récit autobiographique Elena Lappin parle, bien évidemment, de l'exil, une façon d'être et de vivre pour elle, où les déchirements se partagent la place avec l'ouverture à d'autres paysages, d'autres cultures, d'autres mondes. L'apprentissage des langues est une façon pour elle de vivre pleinement ce destin, si particulier mais si représentatif d'un siècle, et c'est finalement l'anglais qu'elle choisira pour ses travaux d'écriture en temps que le journaliste d'investigation ou auteure, alors que son frère Maxim Biller, devient écrivain en Allemagne. Des langues chacune primordiale, "moyen de sentir la réalité d'une certaine manière, distincte de celle des autres »; des langues si nombreuses que "les explorer(...) revenait à révéler la structure narrative de ma vie". Des langues qui pour une écrivaine ont un sens particulier, élément constitutionnel qui interfère avec les racines, les lieux, les évènements et les personnes qui tissent une vie.

Mais là où le croyait s'être enfin posée, le destin la rattrape en 2002 quand elle apprend qu'elle a un père biologique scrupuleusement gardé secret, un juif russe qui vit maintenant aux États-Unis. Et cette histoire est un nouvel exil, là encore la vie a été comme volée. L'attachement fébrile que met Elena Lappin à retrouver cet homme, sa famille pléthorique, l'histoire personnelle de ses nouveaux ancêtres, montre bien que seules les racines permettent de survivre à l'exil, qu'il soit regretté, assumé ou revendiqué.


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Sceptique au début, j'ai été surprise par l'intérêt qu'a suscité chez moi cette autobiographie originale. J'ai particulièrement été marquée par l'importance centrale de la lecture et de l'écriture dans la vie de la famille d'Elena Lappin. En outre, cet ouvrage m'a permis de découvrir le quotidien d'une famille de l'intelligentsia pragoise et l'ambiance particulière de la fin des années 1960 puis de la « normalisation » qui a suivi le Printemps de Prague. Malgré les migrations et les changements qui forcèrent la famille à réinventer son existence dans de nouveaux contextes, les parents de l'auteure ont su préserver une atmosphère familiale chaleureuse grâce à la place donnée à l'éducation et aux livres dans leur vie quotidienne. Lumineux et humain, le récit nous montre également comment la passion de la littérature, l'amour familial et l'identité multiple aident à survivre dans la brutalité et l'oppression quotidiennes des régimes totalitaires.

Si l'enquête de l'auteure sur le secret familial est mise en avant sur la quatrième de couverture, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il s'agit d'un coup marketing de l'éditeur pour attirer le lecteur. En effet, si la question du mystère des origines de l'auteure est révélée dans ce livre, cet aspect est finalement secondaire.
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L'auteur nous parle de son enfance, naissance à Moscou en 1954, puis de ses itinérances, dues à l'Histoire, sa famille est juive. Elle apprendra plus tard que son père adoptif n'est pas son vrai père, et elle reconstruit l'histoire de sa famille, les pays où elle a vécu, les langues qu’elle a parlé, les diverses recherches faites sur Internet pour retrouver les traces de la branche paternelle perdue.
Ce livre se lit aisément, il est clair et concis.
Il nous fait traverser l'histoire du 20ème siècle, la fuite des populations juives de Moscou à Prague, puis à Hambourg, puis en Israël.
Il est intéressant à lire pour l'Histoire d'un peuple et pour l'histoire de cette famille.
Belle découverte également d'une auteur à l'écriture agréable.

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critiques presse (2)
LeMonde
05 mai 2017
Une révélation sur ses origines bouleverse la vie de l’écrivaine britannique. Et la lui fait réécrire, entre réalisme et autofiction.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
18 avril 2017
Cette autobiographie présente une éducation admirable, et d’un autre temps.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Less than two weeks after the Soviet invasion*, in September 1968, our teachers gathered us all in the gym for a special assembly......Our heroic, unforgettable, brilliant history teacher (a very elegant, beautiful woman) welcomed us to the first post-invasion class by saying, ‘I don’t know how long I’ll be able to continue, but while I’m here there will be no textbooks. Write down everything I tell you and study only from those notes and the sources I give you. Go the library. Read historical novels, read literature, read everything you can find translated from other languages. Literature can teach you more about the world than any history lesson. I don’t care what the curriculum says. This year, I will teach you everything about modern world history. You need to understand it in order to comprehend the meaning of what is happening right here. It’s all connected. Don’t just listen to me; think about everything. Think, argue, ask questions. I want you to feel free as long as we still can.'
*L'invasion de la Tchécoslovaquie par les russes.
( Moins de 2 semaines suite à l'invasion russe, en septembre 1968, nos profs nous réunirent dans la salle de gym pour une assemblée spéciale ...Notre inoubliable , brillante, héroïque prof d'histoire ( une très belle femme élégante) nous accueillis à cette première classe post-invasion nous disant "Je ne sais pas encore combien de temps j'enseignerais, mais aussi longtemps que je serais ici Il n'y aura plus de manuels scolaires .Ecrivez tout ce que je vous enseigne et étudiez seulement ces notes et les sources que je vous donnerais.Allez à la bibliothèque .Lisez des romans historiques, de la littérature, lisez tout ce que vous trouverez traduit d'autres langues.La littérature vous apprendra plus sur le monde que n'importe quel cours d'histoire......")
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I will never forget my own first encounter with a real author. The Czech Jewish writer and journalist Ludvík Aškenázy lived across the street from us in Laubova. His wife was Heinrich Mann’s daughter, as I found out years later. My father translated some of his books into Russian, and I read them in both languages as a child.........I saw him sitting on a park bench, alone. He was a very rotund man, not large but somehow imposing. I sat down next to him and started chatting. ‘So is this where you think up all your books?’ He smiled, and said ‘Sometimes.’
Later that evening, when I mentioned this to my parents they told me off for being rude and bothering an important, serious man. But I was very happy. I felt I had just come a little closer to understanding where books came from: From the heads of great writers sitting on ordinary park benches. In my own town, Prague.
( Je n'oublierais jamais ma première rencontre avec un vrai auteur.L'écrivain juif tchèque et journaliste Ludovic Ashkenazy qui habitait en face de chez nous à Laubova.
Sa femme était la fille de Heinrich Mann, comme je le découvrais des années plus tard.
Mon père traduisait certain de ses livres en russe, et je les lisais dans les deux langues quand j'étais enfant.....Je l'ai vu un jour seul, assis sur un banc au parc.....je me suis assise à côté de lui et commença à lui poser des questions." Est-ce ici que vous pensez tout vos livres".Il m'a sourit et dit "Parfois".
Le même soir je racontais l'épisode à mes parents, qui m'ont dit que j'étais impolie et dérangeais un monsieur sérieux et important.Mais j'étais heureuse. J'avais la sensation d'avoir compris un peu plus d'où venaient les livres. De la tête de grands écrivains assis sur des bancs de parc ordinaire.Dans ma propre ville Prague.)
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‘If in the first act you have hung a pistol on the wall, then in the following one it should be fired,’ Anton Chekhov famously wrote in 1889. The literary device known as Chekhov’s gun posits that writers must be as disciplined about introducing crucial elements into their narratives as criminals planning a perfect murder. Nothing can be left to chance. Every detail exists for a reason, which must be revealed at just the right moment.
( Si au premier Acte vous avez suspendu un revolver au mur, alors au second Il doit être tiré, écrivit Anton Chekhov en 1889. Cette citation littéraire connue comme le revolver de Chekhov déclame qu'un écrivain doit être aussi discipliné qu'un criminel préparant un meurtre parfait, en introduisant des éléments cruciaux dans sa narration. Rien ne peut être laissé au hasard. Un détail existe pour une raison qui doit être révélée au moment juste )
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A partir de mon dixième anniversaire, les cadeaux devinrent une affaire un peu plus sérieuse, et mes fêtes un peu plus sélectives (la différence n'était pas flagrante). Dès lors, la plupart de mes cadeaux ont été des livres. J'ai conservé bon nombre d'entre eux, accompagnés de la dédicace bien propre de la main appliquée de mes camarades. Il y avait dans notre quartier une petite librairie bien fournie, que nous adorions tous. Dans la Tchécoslovaquie communiste de mon enfance, les livres étaient standardisés, en ce sens que nous lisions tous les mêmes. Mais cela ne veut pas dire qu'ils étaient inappropriés - au contraire : les auteurs tchèques et de nombreux auteurs traduits étaient vraiment excellents. A l'exception de quelques titre de cette littérature dite socialiste, à l'époque incontournable, produite par des maisons d'édition dirigées par l'Etat dont les éditeurs subissaient une forte contrainte idéologique, la bibliothèque de ma petite enfance a résisté à l'épreuve du temps. Je la conserve toujours précieusement.
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C'est l'amour de ma mère - aventureux et téméraire - qui m'avait conduite de Moscou à Prague. Moi, l'enfant russe, j'étais sur le point de me transformer en petite Tchèque. Ce processus de superposition culturelle et linguistique est quelque chose que connaissent tous les enfants qui émigrent. On parle une langue à la maison et une autre dans le monde extérieur : les enfants maîtrisent rapidement cette nouvelle langue tandis que leurs parents, avec leurs accents et leur grammaire imparfaite, restent à jamais des étrangers. Même un jeune enfant commence à se sentir supérieur à ses parents, ressentant leur infériorité linguistique lorsqu'ils s'aventurent hors de leur foyer.
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